Avant de fréquenter les célébrités les plus influentes de la planète, le Britannique, nouvelle star du développement personnel, a été moine en Inde. Un virage à 180 degrés qui explique en grande partie son succès.

Son regard magnétique et la clarté de ses yeux bleu azur, contrastant avec ses cheveux noir de jais ont sans doute déjà capté votre attention alors que vous scrolliez frénétiquement sur TikTok ou Instagram. Suffisamment pour que vous tendiez une oreille attentive à son discours, prononcé de manière claire et assurée, à la manière d’un professeur face à ses élèves, ou plutôt d’un mentor face à ses disciples.

Force tranquille

Séduisant et charismatique, Jay Shetty dégage une aura quasi mystique, une force tranquille qui captive autant qu’elle intrigue. Et à laquelle personne ne peut échapper depuis que son podcast On Purpose with Jay Shetty , dans lequel il donne des conseils concrets pour mener une vie épanouie, rencontre un succès fou. Ces dernières semaines, le Britannique de 38 ans, devenu une star du développement personnel, a reçu à son micro des célébrités qui se font rares dans les médias, dont la reine de la pop Madonna, qui n’avait pas accordé d’interviews depuis plus de dix ans, la rappeuse Cardi B, et l’actrice Emma Watson.


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Son tour de force ? Poser des questions très intimes de manière subtile, en partant d’expériences universelles comme l’amour, le regret, le deuil, afin que ces personnalités, souvent réservées, puissent s’exprimer librement, sans se sentir jugées. Face à Jay Shetty, l’interprète d’Hermione Granger a pour la première fois abordé, fin septembre 2025, le conflit qui l’oppose à J.K Rowling concernant la transidentité, un sujet pourtant brûlant et chargé d’émotion. Cet extrait a non seulement fait le buzz sur les réseaux sociaux, mais aussi relancé le débat autour du boycott de la saga Harry Potter. Coup de pub assuré pour le podcast de Jay Shetty, qui s’est retrouvé sous le feu des projecteurs.

18 millions de followers

La même semaine, Madonna a révélé à la star du développement personnel qu’elle avait  «envisagé le suicide» en 2016, pendant son divorce avec le réalisateur Guy Ritchie, tant elle souffrait à l’idée de perdre la garde de leur fils, Rocco. L’interprète de Like a Virgin ne s’était jamais montrée aussi vulnérable pendant une interview.

Comment expliquer cette proximité de Jay Shetty avec les célébrités ? Comment cet homme, encore inconnu du grand public il y a quelques années, est-il devenu LA référence en matière de développement personnel, mais aussi, et surtout, une personnalité incontournable des réseaux sociaux suivie par près de 18 millions de personnes sur Instagram ? C’est indéniablement grâce à son parcours atypique, et tout le storytelling qu’il a habilement construit autour, que le Britannique, a réussi à percer.

Adolescence rebelle

Né en 1987 à Londres, Jay Shetty a grandi dans une famille d’origine indienne issue de la classe moyenne. De ses 11 ans à ses 18 ans, il étudie à la Queen Elizabeth’s School, une prestigieuse école réservée aux garçons, située à Barnet, une petite ville dans la banlieue nord de Londres. Adolescent, il est du genre rebelle, préférant sécher les cours pour boire et fumer plutôt que d’étudier Shakespeare. Il est suspendu de son école à trois reprises et menacé d’expulsion. «J’étais vraiment perdu à ce moment-là ; je ne savais vraiment pas ce que je valorisais. Les bêtises n’étaient pas amusantes, elles étaient surtout pleines de peur et de culpabilité», confiera-t-il des années plus tard, en 2020, dans une interview accordée au Guardian.

Vie monastique

Jay Shetty décide d’arrêter de boire à 18 ans car il ne supporte plus son propre comportement, qu’il trouve «détestable». La même année, en 2005, il intègre la Cass Business School de Londres, avec l’objectif de poursuivre une carrière dans la finance. Il est alors loin de s’imaginer que ses plans vont être bouleversés par un simple événement : une conférence organisée dans son école, avec comme invité exceptionnel le moine hindou Gauranga Das, venu parler d’altruisme et de son mode de vie minimaliste. Une véritable révélation pour Jay Shetty : «Ce soir-là, en écoutant le moine parler de son expérience, je suis tombé amoureux», se souvient-il dans son ouvrage Penser comme un moine, paru en septembre 2020 aux éditions Thorsons Harper, et qui se serait écoulé à 2,5 millions d’exemplaires.


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Dépression

Après la conférence, le jeune homme de 21 ans, complètement fasciné par Gauranga Das, lui demande s’il peut le suivre pour le reste de sa tournée de conférences à travers le Royaume-Uni. Le début de son aventure spirituelle : fraîchement diplômé, Jay Shetty décide de devenir moine védique en Inde. Il affirme avoir passé trois ans, entre 2010 et 2013, en ashram (NDLR, un lieu spirituel traditionnel où des chercheurs spirituels vivent ensemble sous la direction d’un gourou), où il aurait étudié les Védas et les philosophies orientales, et vécu selon des principes austères, se rasant la tête, dormant par terre, et se réveillant à 4h du matin pour méditer. Après cette expérience, Jay Shetty retourne vivre chez ses parents à Londres et trouve un job à la City. Une période de sa vie où il se sent déprimé, «honteux» d’avoir quitté la vie monastique, et «trahi» sa communauté, se remémore-t-il dans une interview accordée au micro de Tay et Taylor Lautner pour le podcast The Squeeze, en février 2025. 

Sens du business

Parallèlement, il trouve néanmoins la force de lancer sa carrière de coach de vie et publie ses premières vidéos relatives au bien-être sur YouTube. En 2016, sa vie bascule : Arianna Huffington, cofondatrice du Huffington Post, le repère et l’embauche à New York pour produire des vidéos autour de la spiritualité et du développement personnel. La même année, Jay Shetty épouse sa compagne, Radhi Devlukia-Shetty, une chef spécialisée dans la cuisine végétale, également diététicienne et conseillère en santé ayurvédique aujourd’hui suivie par plus de deux millions de personnes sur Instagram.

Ensemble, ils quittent la grisaille londonienne pour s’installer d’abord à New York, puis à Los Angeles, où ils profitent du soleil et de l’océan Pacifique, tout en affinant leur sens du business. Leur relation de couple devient une source d’inspiration pour leurs contenus, où ils abordent avec sincérité les leçons qu’ils ont retenues après un conflit, ou encore la manière dont ils communiquent et entretiennent la flamme après plusieurs années de mariage. Ce 1er novembre 2025, Jay Shetty a d’ailleurs reçu son épouse au micro de son podcast, On Purpose, pour parler de la pression autour de la parentalité, que Rhadi -comme de nombreuses femmes trentenaires- ressent particulièrement depuis leur union.

Accusations de plagiat

À des milliers de kilomètres du monastère qui a changé sa perception du monde et de la vie, Jay Shetty construit un véritable empire et tisse un réseau d’amitiés avec les stars les plus influentes de la planète, dont Jennifer Lopez, qu’il a unie à Ben Affleck lors de leur mariage en 2022. Kendall Jenner, Eva Longoria, Joe Jonas, Will Smith, Lily Collins, Selena Gomez ou encore Meghan Markle, qui l’a invité à participer à un épisode de la deuxième saison de sa série culinaire sur Netflix… Son carnet d’adresses impressionne certes, mais interroge également. Certains journalistes anglophones tiquent : et si Jay Shetty avait menti sur son parcours spirituel uniquement pour servir ses propres intérêts et devenir célèbre ? «Peut-on sérieusement imaginer qu’un moine abandonne la vie monastique pour faire des TikToks et fréquenter des stars ? C’est presque l’opposé du chemin que l’on associe à la spiritualité», s’indigne ainsi Fariha Róisín, auteure de Who Is Wellness For? (Harper Wave, 2022) dans une enquête publiée par The Guardian  qui étrille Jay Shetty en pointant du doigt des incohérences dans ses récits concernant ses séjours en Inde, qu’il a bien effectués, mais sur des périodes manifestement plus brèves ou intermittentes.

Autre ombre venant ternir son rêve américain : des accusations de plagiat quant à des citations partagées sur les réseaux sociaux. Pas de quoi freiner l’ascension fulgurante de l’ancien moine qui a fait de ce credo l’un des piliers de ses enseignements : «Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends». À défaut d’avoir inventé tous les principes qu’il prône, Jay Shetty semble au moins les appliquer à la lettre.