Publié : 7h51 – Modifié : 7h56 Dolorès CHARLES

Les sabots en cuir de Rivalin
Crédit : Yann Launay
Mettre en valeur le savoir-faire français : c’est l’objectif de la Grande exposition du Fabriqué en France, qui se tient ce week-end du 15 au 16 novembre, au Palais de l’Elysée à Paris. 123 produits ont été sélectionnés, comme les sabots en cuir de l’atelier Rivalin. Reportage avec Vincent Rivalin.
L’atelier Rivalin est une petite entreprise basée à Quimper, qui fabrique des charentaises à la main depuis un siècle. A la veille de partir pour l’Elysée, le dirigeant de l’entreprise ressentait de la fierté mais aussi de l’amertume. Vincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateur, ne le cache pas : les temps sont durs, l’augmentation du coût des matières premières, les charges et la concurrence asiatique ont fragilisé son entreprise.
Vincent Rivalin espère échanger avec le Président
Vincent Rivalin espère pouvoir échanger avec le Président de la République, Emmanuel Macron, pour demander un vrai soutien économique en faveur du made in France : « on fait partie de l’artisanat français, on fait partie du patrimoine vivant de ce pays. Comme ils le disent, on est le poumon et l’âme de la France mais le problème, c’est que si on n’a pas un petit coup de main dans les mois à venir très rapidement, il y a beaucoup d’entreprises comme la mienne qui vont mettre la clé sous la porte.
Les restaurateurs avaient une TVA à 5,5%, si on pouvait nous aussi avoir une TVA plus allégée et des aides au niveau de la formation, au niveau des outils de fabrication. Moi, j’ai des machines qui ont 80 ans.. S’il n’y a pas une prise de conscience réelle du gouvernement, ça va finir pas mal se passer… »
Vincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateurVincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateur
Crédit : Yann Launay
Vincent Rivalin estime que le soutien affiché au made in France est contredit dans les faits : l’Etat lui même se fournit souvent à l’étranger, à moindre coût et fait même payer certains labels aux entreprises. Une aberration, pour Vincent Rivalin : « il faut qu’on soit de très bons élèves au niveau sociétal, environnemental, au niveau de la traçabilité des produits, au niveau des contrôles dans les labos et des matières. Quand on est un bon élève, logiquement, j’estime que je devrais avoir un diplôme, mais non ce diplôme ou ce label il faut qu’on le paye !
Les entreprises suffoquent
Je parle des labels comme EPV, entreprise de patrimoine vivant. Aujourd’hui, ce label coûte 2 700 euros. Le label Origin France Garanti coûte aujourd’hui 5 800 euros. Toutes ces petites choses-là, le coût de l’énergie, le coût des matières premières, le pouvoir d’achat qui a diminué, etc.
Tout ça mis bout à bout fait qu’aujourd’hui on suffoque. On n’arrive plus à respirer et on est en train de mourir, clairement. »
Vincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateurVincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateur
Avec ses charentaises à 60 euros fabriquées à la main, l’atelier Rivalin propose une toute autre qualité, mais ses produits font figure de produits de luxe. « Si vous achetez 3 ou 4 paires de chaussons à 10 euros sur Temu ou Shein, vous n’allez pas faire le même temps qu’avec une paire de charentaise Rivalin.C’est une certitude. Sur le site de Shein, vous avez droit à 4 t-shirts ou à 4 paires de chaussons ou à 4 pulls pour 5 euros. Les gens y vont même s’ils savent que ça ne va pas durer. C’est du jetable. On achète, on utilise et on jette !
On achète, on utilise et on jette !
Je ne suis pas sûr que les produits soient contrôlés comme nous le sommes. On a la répression des fraudes, on doit montrer patte blanche sur tout ce qu’on fait, faire analyser chaque matière première par un labo pour savoir s’il n’y a pas de produits nocifs pour la santé dans nos chaussons. Cela a un coût. On ne peut pas venir nous taper sur les doigts en disant « ce que vous faites ce n’est pas bon, vous devez payer ça » alors qu’on laisse les autres faire n’importe quoi. Ce n’est pas possible, ça ne peut pas durer ! »
Vincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateurVincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateur
Vincent Rivalin, l’arrière petit-fils du fondateur
Crédit : Yann Launay
Pour juguler le déferlement des produits chinois à bas prix, les Etats membres de l’UE viennent d’approuver la suppression de l’exonération des droits de douane sur les petits colis importés dans l’UE. La taxation des petits colis (de moins de 150 euros) sera donc désormais possible, et la mesure pourrait entrer en vigueur dès le premier trimestre 2026.
L’atelier Rivalin peut fabriquer des sabots cuir et des charentaises à la demande, en moins de 24h. Ses produits sont à découvrir sa boutique de Quimper, 4 rue de la Halle, et à Pont-l’Abbé, jusqu’en janvier, dans la boutique éphémère ouverte place Gambetta en association avec le fabricant d’objets durables Païsan.
Grande exposition du Fabriqué en France
La Grande exposition du Fabriqué en France, c’est samedi (15 nov) et dimanche au Palais de l’Elysée. Avec aussi le kombucha pomme du Costarmoricain Biogroupe, le bonnet 100% cachemire de la société malouine 3D Tex, le coffret de galettes et palets bretons La Trinitaine.
L’an dernier, 10 000 visiteurs avaient pu découvrir cette Grande exposition du Fabriquré en France.