Un conclave doit se réunir entre le 5 et le 10 mai pour élire le successeur du pape François, mort le 21 avril, à l’âge de 88 ans.La date à laquelle les cardinaux électeurs se réuniront n’est pas encore connue, mais les paris sur l’identité du prochain souverain pontife sont déjà nombreux.Illégaux dans plusieurs pays, ces paris évoluent dans un cadre réglementaire « incertain ».
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Mort du pape François
La mort du pape François a suscité l’émoi des catholiques du monde entier. Et l’identité de son successeur, qui sera connue à l’issue du conclave organisé entre le 5 et le 10 mai, est la source de nombreuses interrogations. Dès l’annonce lundi 21 avril de la mort de Jorge Bergoglio, des millions de dollars ont été dépensés sur les plateformes de paris en ligne, faisant de cet événement « l’un des plus populaires » de l’année, a indiqué à l’AFP le FairPlay Sports Media, un site spécialisé. Le site américain Polymarket, qui a été très prisé lors de l’élection présidentielle américaine de novembre dernier, a indiqué jeudi avoir déjà accepté plus de 5,7 millions de dollars (5 millions d’euros) de paris.
Du côté des favoris, le bookmaker britannique William Hill place l’Italien Pietro Parolin, secrétaire d’État et numéro deux du Saint-Siège, en tête. Il est talonné par le cardinal philippin Luis Antonio Tagle. Même tonalité chez Oddschecker, un site web compilant les cotes proposées par différents bookmakers, qui place le cardinal Parolin en tête des « papabili« , les favoris pour succéder à François. Signe de l’engouement autour de cet événement, le site a même lancé une section spéciale consacrée « au prochain pape ». Un autre favori des réseaux sociaux est le cardinal ghanéen Peter Turkson, qui pourrait devenir le premier pontife noir.
BREAKING: Cardinal Pietro Parolin is the frontrunner to succeed Pope Francis as leader of the Catholic Church. See the full list of candidates & realtime papacy odds, only on Polymarket 👇 — Polymarket (@Polymarket) April 21, 2025
Les paris papaux bénéficieraient-ils du « phénomène Conclave », le thriller de l’Allemand Edward Berger qui a raflé début mars l’Oscar du meilleur scénario adapté ? Le film met en scène le processus de sélection du pontife à travers une plongée dans le secret de la Curie, dévoilant au passage les différentes factions (progressistes ou conservatrices) qui s’affrontent. Une image largement diffusée sur le réseau social X classe les successeurs potentiels en fonction de leurs convictions. Outre son identité, les plateformes proposent des paris sur le continent d’origine du prochain pape où la probabilité que Xi Jinping assiste aux funérailles du pontife argentin.
Si l’Église catholique voit les jeux d’argent d’un œil critique, les paris sur les « papabili » ont cours depuis des siècles. « Ce qui était autrefois une activité réservée aux banquiers et aux courtisans s’est transformé en un marché mondial de plusieurs millions de dollars », décrypte auprès de l’AFP Leighton Vaughan Williams, professeur d’économie et de finance à la Nottingham Business School. Et le marché ne fait que croitre, assure-t-il, ajoutant que la rapidité avec laquelle les paris ont décollé cette année « souligne une fascination culturelle durable pour la papauté, amplifiée par la couverture médiatique et la culture populaire ».
Des prévisions parfois « incohérentes »
Les prévisions sont cependant loin d’être fiables. Elles sont parfois « incohérentes », souligne le chercheur, dont la réflexion s’appuie sur une étude publiée en 2015 et dans laquelle près de 500 ans de paris sont compilés. En 2013, année de l’élection du pape François, les favoris étaient l’Italien Angelo Scola et le Ghanéen Peter Turkson. Le pape argentin était loin derrière, se classant jusqu’à la 40e place chez certains bookmakers.
La nature même des paris a elle aussi évolué au fil des ans, avec le boom des cryptomonnaies. En témoigne l’engouement autour du site Polymarket qui permet de parier en utilisant des devises numériques. Lancée en 2020, la plateforme est interdite en France par l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Mais grâce aux VPN, de nombreux utilisateurs contournent les restrictions.
Ambre BERTOCCHI