L’élection municipale à Paris commence à ressembler à l’antichambre d’un palais de justice. Après Rachida Dati, jugée pour « corruption » en septembre 2026, voici Sophia Chikirou, mise en examen dans l’affaire des comptes de campagne de LFI de 2017 (elle est suspectée d’avoir surfacturé des prestations de communication, délit passible de sept ans d’emprisonnement). La députée LFI de Paris vient d’annoncer, sans grande surprise, qu’elle serait la candidate Insoumise à la succession d’Anne Hidalgo, en mars prochain. « On va redécouvrir Sophia Chikirou. J’ai laissé pendant des années des adversaires politiques et médiatiques salir mon image. Je suis l’opposé de ma caricature », a-t-elle annoncé lors d’une conférence de presse, ce vendredi 14 septembre. Ce qui n’est pas tout à fait exact : la compagne de Jean-Luc Mélenchon sort les dents dès qu’elle est attaquée.
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Sophia Chikirou ne se laisse jamais faire. Elle passe pour être dure, sans affect. Au Media, la chaîne de télé liée à LFI qu’elle a dirigée, ses emportements ont laissé des traces. « Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi toxique, affirme en 2023, à Libération, un ancien journaliste du média. Elle est manipulatrice, elle divise pour mieux régner et elle a une aura qui fait que t’as envie de te mettre dans son sillage. » En septembre 2023, l’émission Complément d’enquête révèle une sortie insultante de Chikirou, après la demande de journalistes de publier un communiqué : « Ils le font, le signent et se le mettent dans le cul profond. Cette bande de tafioles de merde. »
« Je suis comme Aymeric [Caron] »
L’élue de 46 ans ne mâche pas ses mots, un peu à la manière de Rachida Dati, dont sans vraiment l’avouer elle apprécie le parcours et les manières. « Je suis comme Aymeric [Caron]. Je préfère attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps », répond-elle un jour à un député qui lui demande de calmer le jeu lors d’une fronde interne à LFI. Elle n’hésite pas non plus à flinguer, comparant par exemple le leader communiste Fabien Roussel au collabo issu du PCF Jacques Doriot. Ou assurant sans faiblir, il y a quelques semaines, que la Chine n’était pas une dictature. Il y a quelques jours, c’est elle qui est en pointe, écharpe tricolore en bandoulière, pour soutenir devant le commissariat du 19e arrondissement les militants qui ont perturbé, à la Philharmonie de Paris, le concert d’un orchestre israélien.
L’élue de la 6e circonscription de Paris, qui couvre une partie du 11e et du 20e arrondissements, a déjà donné le ton de sa campagne à Paris. « Je ne m’achèterai pas de robes à 6 000 euros », a dit Sophia à Chikirou, dans une allusion évidente aux notes de frais d’Anne Hidalgo. Elle a déjà désigné plusieurs têtes de file dans les arrondissements, dont l’ex-auteur des Guignols Bruno Gaccio dans le 7e, celui de Rachida Dati. Elle entend avant tout se battre contre le coût du logement et promet la mise en œuvre d’une éducation communale à Paris.
Son objectif politique est avant tout de se qualifier pour le second tour. La marche paraît à sa portée. Si, en 2020, lors de la précédente élection municipale, LFI n’avait réuni que 4,57 % des voix, les sondages accordent à la candidate Insoumise quelque 12 % des suffrages en 2026. Suffisant pour se maintenir au second tour et faire gagner à LFI quelques élus au conseil de Paris (le parti mélenchoniste en est aujourd’hui absent).
Faiseuse, ou défaiseuse de rois à gauche
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Pour l’heure, Emmanuel Grégoire, le candidat socialiste, a dit clairement qu’il refuserait toute alliance avec LFI, au premier comme au second tour. La tête de file des écologistes, David Belliard, laisse de son côté la porte ouverte à une liste commune avec les Insoumis. Une alliance des deux partis au premier tour pourrait devancer la liste Grégoire. Mais, même seule, Sophia Chikirou poserait en faiseuse, ou en défaiseuse, de rois à gauche.
En se maintenant au second tour, elle risquerait de faire gagner Rachida Dati ou le candidat Horizons, soutenu par une partie des macronistes, Pierre-Yves Bournazel. Malgré ses débuts en politique avec les socialistes Laurent Fabius et Jean-Marie Bockel (devenu ministre de Sarkozy), Sophia Chikirou pourrait donc bien concrétiser l’objectif ultime de Jean-Luc Mélenchon : faire plier le Parti socialiste partout où c’est possible. Et, en premier lieu, à Paris.
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