Depuis plusieurs mois,
François Bayrou martèle qu’il n’avait rien su des
violences à Bétharram. Mais ce jeudi, un nouveau témoignage est
venu ébranler cette version. Sur le plateau d’À l’air
libre,
Hélène Perlant, sa propre fille, ancienne élève de
l’établissement, a révélé avoir assisté à un moment-clé.
« Il ne s’en
souvient pas, je pense, mais je suis là, le soir où il rentre de
chez le juge Mirande. On est là, tout seuls, tous les deux », a
déclaré Hélène Perlant. Avant de lâcher ce que François Bayrou lui
aurait demandé en parlant des accusations contre le père Carricart
: « Ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans
le secret de l’instruction. Est-ce que tu crois possible,
ça ? » La jeune femme précise même que son père aurait
ajouté : « Il est en prison, qu’il y reste ! » Une
révélation qui contredit frontalement les déclarations publiques de
François Bayrou, qui assurait jusqu’à présent : « Des sévices
sexuels, jamais je n’en avais entendu
parler. »
Bétharram : ce que dit
vraiment Hélène Perlant
Loin de vouloir
enfoncer son père, Hélène Perlant a tenté de nuancer ses propos.
« Je pense qu’on lui a bourré la tête »,
a-t-elle déclaré en évoquant l’atmosphère qui régnait autour de
l’affaire, où de nombreuses personnalités défendaient alors
l’établissement catholique. « Je crois qu’il y a eu un déni
collectif », a-t-elle ajouté, en insistant bien sur le fait que
François Bayrou « n’a jamais voulu couvrir » les faits.
Ce témoignage
s’ajoute à celui du juge Christian Mirande, entendu par la
commission d’enquête parlementaire. « Lorsqu’il est venu me
voir, il me semble qu’il cherchait à se renseigner sur les
faits en cours« , avait expliqué le magistrat. « Il
exprimait alors une vive inquiétude, notamment au sujet de son fils
qui était élève à Bétharram. » Le juge avait aussi rapporté :
« Ce qui m’a marqué, c’est qu’il n’arrivait pas à croire à la
réalité des faits. Je me souviens très précisément qu’il répétait à
plusieurs reprises : ‘C’est incroyable, c’est
incroyable.' »
Un
changement officiel de version pour François Bayrou
Face à ces nouvelles
révélations, le cabinet du premier ministre a été contraint de
faire évoluer sa communication. Interrogé par Mediapart, il a reconnu pour la première fois
que François Bayrou avait bien évoqué l’affaire avec le juge
Mirande. « Comme le juge Christian Mirande et François Bayrou
l’ont déjà dit à plusieurs reprises, ils se sont en effet
rencontrés à cette époque, puisqu’ils sont
voisins« , indique-t-il. Et de préciser :
« L’interview de Mediapart apporte une précision utile sur la
période : après l’incarcération du père Carricart et alors que la
presse locale s’était fait l’écho de cette incarcération. Il est
donc logique qu’ils aient parlé de cette
affaire. »
Le cabinet du premier
ministre a également commenté les propos rapportés par Hélène
Perlant : « Les propos rapportés par sa fille – ‘il est en
prison et qu’il y reste’ – montrent, pour ceux qui en auraient
douté, que François Bayrou n’a eu aucune complaisance vis-à-vis du
père Carricart ; comme certains se prêtent à vouloir le faire
croire. » La situation reste explosive pour François
Bayrou, lui qui assurait encore récemment : « Je ne
connaissais pas le père Carricart, si ce n’est peut-être de vue.
Jamais je n’ai été au courant de cette histoire à ce
moment-là. » Désormais, sa propre fille vient compliquer
sérieusement sa ligne de défense.