Le long-métrage doit être diffusé ce samedi 15 novembre dans un cinéma municipal de la préfecture de Seine-et-Marne. Certains élus LFI jugent cette démarche incompatible avec le principe de laïcité.
La diffusion du film «Sacré-Cœur» serait-elle à nouveau menacée ? Alors qu’une séance est prévue à Melun, en Seine-et-Marne, ce samedi 15 novembre, au cinéma des Variétés, certains élus d’opposition du groupe Union populaire (LFI) de Melun se sont indignés face à l’accueil fait au film documentaire.
Le 10 octobre dernier, le pôle missionnaire de Melun avait annoncé sur Facebook la projection dans une salle obscure municipale de ce docu-fiction «en association» avec les réalisateurs Sabrina et Steven Gunnell. À en croire ces Insoumis de Melun, il s’agirait d’une entorse à la laïcité. «Ils ont une passion dévorante pour la censure», s’est, de son côté, offusqué auprès du Figaro le distributeur du film, Hubert de Torcy.
Une première polémique à Marseille
Dans un courrier envoyé à une quarantaine d’élus municipaux, les élus locaux Eric Tortillon, Cécile Prim et Fatiya Mothay disent estimer que «le caractère confessionnel et prosélyte du film démontre l’impossibilité de diffuser ce film ou d’en assurer la promotion au sein du service public et des structures municipales», rapporte Le Parisien, qui a pu consulter cette lettre.
Le père Legrand, curé du pôle missionnaire de Melun, a répondu le 30 octobre dernier à la polémique, par le biais d’un communiqué. «Le film Sacré-Cœur contribue grandement à faire connaître une page de l’histoire, de la culture et de la spiritualité de notre pays, dont le rayonnement s’étend bien au-delà de nos frontières», assure-t-il, avant de remercier le cinéma municipal de cette programmation, «gage de son ouverture d’esprit et son respect de toutes les sensibilités et traditions religieuses».
Le film Sacré-Cœur contribue grandement à faire connaître une page de l’histoire, de la culture et de la spiritualité de notre pays
Père Philippe Legrand, curé du pôle missionnaire de Melun
La posture de ces élus locaux est jugée tout aussi incompréhensible par Hubert de Torcy. D’autant plus que la justice a déjà tranché sur la question de la laïcité : le 25 octobre dernier, le tribunal administratif de la cité phocéenne avait contraint la ville de Marseille à reprogrammer «Sacré-Cœur», après l’annulation des projections par le maire Benoît Payan (DVG). Ces projections, prévues au château de la Buzine (un établissement municipal, NDLR), avaient été déprogrammées quelques minutes avant le début du film, du fait, selon l’élu, de la «nature confessionnelle» de l’œuvre. Une décision qui faisait suite au refus de la régie publicitaire de la SNCF et de la RATP de participer à la campagne d’affichage du film.
«La diffusion d’une œuvre susceptible de présenter un caractère religieux dans un cinéma municipal ne porte pas, par elle-même, atteinte au principe de laïcité, dès lors qu’elle n’exprime pas la reconnaissance par la commune d’un culte ou d’une préférence à l’égard de ce culte», avait conclu le tribunal administratif de Marseille, cité par Le Monde . Et de préciser que cette déprogrammation constituait «une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression, de création et de diffusion artistiques».
« Sacré-Cœur » : le film chrétien qui bouleverse le public et suscite les querelles
«Nous ne sommes pas en Corée du Nord ici !»
«Pourquoi remettent-ils une pièce dans la machine ?», s’interroge aujourd’hui Hubert de Torcy face aux provocations des élus LFI, «c’est très mystérieux pour moi, je n’arrive pas à comprendre leur état d’esprit. Qu’est-ce qu’ils cherchent ? Nous ne sommes pas en Corée du Nord ici !» Sorti début octobre, le film de Sabrina et Steven Gunnell fait déjà état, selon nos informations, de plus de 410.000 entrées. En quelques semaines, le film est passé d’une diffusion dans 149 salles à 360.
La tournée de «Sacré-Cœur» continue donc à travers l’Hexagone avec des séances programmées jusqu’à fin décembre. «On était encore 15e du box-office durant la 6e semaine. Et ce n’est pas terminé, ça va continuer jusqu’à Noël», prédit Hubert de Torcy, soulignant que le film se maintient à «la meilleure moyenne de spectateurs par séance par rapport aux autres films». En décembre, le film sera également projeté au Liban et au Canada. Les Polonais et les Allemands pourront le voir dans les salles obscures à partir du mois de février. Une sortie aux États-Unis est également prévue. Pendant ce temps, à Melun, les Variétés affichent complet. Sur les 241 places, toutes ont déjà été vendues. Seule crainte des organisateurs : que des casseurs viennent perturber la séance.
Contacté, le maire de Melun n’a pas répondu à nos sollicitations.