Ce ne sont pas les velléités de défendre la fresque des Halles de Merville qui manquent, mais la mesure a pris le dessus à l’écoute de son créateur, Jean-Claude Goualc’h. Le comité de soutien a dévoilé ce vendredi 14 novembre, au Café L’Embarcadère de Lorient, avoir décidé de ne pas effectuer de recours en justice, un référé en l’occurrence, concernant les travaux de démontage qui viennent de commencer.
« Après des discussions franches, on préférait faire une action collective et pas Jean-Claude, seul. Mais il nous a dit ‘’je n’en dors plus’’, ce qu’on comprend, a souligné Jack Maignan. On a respecté le choix de Jean-Claude. Et il avait la pression financière car on partait dans une procédure longue et d’au moins 10 000 € ».
« Aller en justice, ce n’est pas simple »
Le comité de soutien avait annoncé une consultation juridique, ses membres sont allés au bout de la démarche. « Nous avons consulté deux cabinets d’avocats à Rennes. On a découvert que le dépôt du permis de construire, en mars 2024, était attaquable dans les deux mois, mais on n’a pas pris garde, précise Jack Maignan. Et les avocats nous ont dit qu’il restait une solution : faire un référé qui ne peut pas être porté par un tiers mais seulement par l’artiste qui possède le droit moral. Aller en justice, ce n’est pas simple. Et pour une personne seule, ce n’est pas évident ». C’est au-dessus des forces du nonagénaire Jean-Claude Goualc’h qui reste indigné.
Un dernier espoir
Après un récent courrier de la Direction régionale des affaires culturelles, dans lequel elle rappelle notamment que « l’intégralité matérielle et spirituelle de l’œuvre doit être préservée », et la défense de l’association Sites et Monuments, les membres du comité de soutien conservent un dernier espoir de renverser la situation. « Ce qui nous reste, c’est la communication, que la médiatisation dépasse Lorient, pointe Jack Maignan. C’est une vraie guillotine pour mettre à mort une œuvre d’art. Ça m’a donné envie de chialer quand j’ai vu ça ».
« À Rennes, on n’imagine pas démonter les mosaïques d’Odorico, renchérit Yann Lukas. Quand je suis arrivé à Lorient, la fresque des Halles de Merville faisait partie des trois-quatre figures de la ville ». Et les inquiétudes pointent concernant la préservation de l’œuvre après son démontage. « C’est impossible », estime Jean-Claude Goualc’h.
Un soupçon d’optimisme demeure. « S’ils réussissent à la sauver, il faut la remettre à l’endroit, où elle était », estime Jack Maignan. Et François Le Roux de marteler : « Il y a des obligations de protection d’art, là où il y a un patrimoine remarquable. La fresque fait partie intégrante des Halles ».
Jean-Claude Goualc’h aime à rappeler sa démarche artistique : « La fresque, c’est un habit des Halles de Merville pour donner une vie quand il n’y a rien ».