Les galaxies distantes nous renvoient un signal radio qui peut être lu d’une certaine manière pour déterminer les mouvements. Ainsi, avec des mesures suffisamment fines, il est possible de dire si un signal s’éloigne de nous ou, au contraire, se rapproche.
C’est cette méthode qui a été utilisée pour comprendre comment notre Système solaire se déplace au sein de notre Galaxie, et les résultats surprenants sont publiés dans la revue scientifique Physical Review Letters. Une étude signée notamment par des chercheurs de l’université de Bielefeld, en Allemagne, qui dessine une réalité dans laquelle notre Soleil va trois fois plus vite que ce prédisaient les modèles précédents.
Des observations cruciales venues d’Europe
Le modèle standard pour décrire l’Univers se base sur la théorie du Big Bang et évalue comment la matière s’est dispersée depuis, ce qui implique l’extension de l’Univers, une certaine vitesse de propagation de la matière et une construction des structures galactiques que nous connaissons aujourd’hui.

Le Big Bang sert de fondation à tout notre modèle standard. © MozZz, Fotolia
Mais ici, cette nouvelle étude prend une autre approche en se servant d’un outil en particulier : Lofar pour Low-Frequency Array. Ce radiotélescope est en réalité un réseau d’environ 20 000 antennes réparties entre les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne, le Royaume-Uni, la Suède, la Lettonie, l’Irlande, mais aussi la France, du côté de Nançay, dans le Cher.
Grâce à son étendue immense, ce réseau européen est capable d’obtenir de très nombreuses données sur les galaxies alentour et lointaines, ainsi que sur leur mouvement par rapport à nous, ce qui est particulièrement utile pour ce type d’analyse, car le but est de déterminer notre mouvement en se focalisant sur une multitude de sources.
Une vitesse 3,7 fois plus grande que prévu
Ainsi, les chercheurs ont pu avoir une véritable approche statistique, qui permet d’éviter les biais de confirmation car il y a suffisamment de regards différents pour avoir une idée assez claire et réaliste de ce qui se trame.
Au final, le signal repéré balaie toute incertitude : la déviation est bien plus forte que ce que prévoyait les modèles, notre Système solaire bougerait 3,7 fois plus vite que prévu. L’erreur est immense et surprend tant elle vient contredire un modèle qui semblait solide et bien établi. Pourtant, les auteurs sont sûrs de leurs résultats et ont suffisamment de données pour établir que leur théorie est bien solide.
Mieux : ces nouvelles observations permettraient d’expliquer certaines irrégularités notées récemment sur des quasars dont les signaux ne correspondaient pas tout à fait à ce qui était prédit dans les modèles.
Un modèle encore imparfait
Mais, si elle est réelle, pourquoi une telle différence ? Pas de panique, notre Système solaire n’est pas parti pour une course folle dans notre Galaxie ! Il s’agirait simplement de variations dans la distribution de la matière à travers l’Univers après le Big Bang.

Vue d’artiste de notre Système solaire et de ses planètes (les distances et les tailles ne sont pas à l’échelle). © Nasa
Les modèles prévoient que cette propagation s’est faite de manière régulière, avec une distribution uniforme dans toutes les directions à la fois, à quelques irrégularités près. Or, une telle trouvaille montre que ces variations pourraient, en réalité, être beaucoup plus importantes que prévu.
En d’autres termes, notre modèle standard de la cosmologie est légèrement à revoir puisqu’il se base sur un modèle un peu trop parfait pour être vraiment réaliste. Les chercheurs espèrent aller plus loin prochainement avec de futures observations, notamment via le Square Kilometer Array (SKA), un autre radiotélescope encore plus performant que le Lofar, attendu à partir de 2027.