À l’entrée dans l’hiver, l’Ukraine est toujours malmenée par la Russie dans le Donbass, où ses forces luttent pour conserver le contrôle de la ville logistique de Pokrovsk, maillon essentiel de la ceinture de villes « forteresses » dans l’est du pays. Mais l’Ukraine n’en perd pas pour autant sa capacité à opérer des frappes stratégiques, même loin derrière la ligne du front.

En témoigne le potentiel coup porté par Kiev aux capacités aériennes russes dans la nuit du 13 novembre en Crimée. Les forces sous la bannière bleu et jaune ont ainsi visé une installation clé consacrée aux drones Orion dans la localité occupée de Kirovske. Selon Defense Express, le site servait jusqu’alors au stockage, à la maintenance et à la préparation opérationnelle de ces appareils, dont la Russie dispose en quantité limitée.

L’unité responsable de la frappe n’a pas donné de détails sur l’ampleur des dégâts causés ni indiqué si des drones Orion avaient été endommagés lors de la frappe, note le Kyiv Independant, mais nul doute que la perte de ces appareils constituerait un fort handicap pour Moscou.

Un drone essentiel pour Moscou

L’Orion occupe ainsi une place toute particulière dans l’arsenal russe : ce drone, décrit par le site spécialisé Defense Zone comme un appareil MALE (Medium Altitude Long Endurance), est doté d’une autonomie de 24 heures, et est capable d’opérer jusqu’à 7 500 mètres d’altitude. Il combine donc capacités de reconnaissance et capacités de frappe grâce à l’emport de munitions guidées.

Son envergure de plus de 16 mètres et son coût relativement élevé en font un système que l’armée russe déploie de manière sélective, notamment pour des missions de surveillance prolongée au-dessus de zones contestées.

La neutralisation du site de Kirovske pourrait ainsi réduire la fréquence et la portée des opérations russes de renseignement aérien depuis la Crimée, un territoire devenu un pivot logistique et militaire depuis 2014. En ciblant non pas seulement les vecteurs, mais la chaîne qui permet leur mise en œuvre — stockage, entretien, armement — les forces ukrainiennes cherchent à imposer des contraintes structurelles à l’adversaire.

« Le cercle complet » de destruction

Détruire la base où ces drones étaient entreposés complète ainsi ce que les opérateurs ukrainiens décrivent comme « le cercle complet » selon Defense Express, passant de l’interception d’aéronefs individuels à la destruction de l’infrastructure permettant leur déploiement.

Cette frappe s’ajoute à d’autres opérations coordonnées rapportées récemment, dont l’attaque contre l’usine pétrochimique Stavrolen dans la région de Stavropol et contre un dépôt de munitions dans la localité occupée de Novyi Svit, dans le Donbass. Selon l’État-major ukrainien, ces actions visent à réduire la capacité russe à produire et à acheminer les matériaux nécessaires à la poursuite de son effort militaire.