Une étude d’ampleur vient bousculer les idées reçues sur le cancer du sein, rapporte Le Monde. Publiée début avril dans The International Journal of Cancer, elle révèle que les femmes ayant un niveau d’études plus élevé présentent un risque plus important de développer cette maladie, première cause de décès par cancer chez la femme en France.

Menée par une équipe internationale dirigée par Margherita Pizzato (Université de Milan et Centre international de recherche sur le cancer à Lyon), cette recherche s’appuie sur une cohorte regroupant près de 312.000 femmes de neuf pays européens. Aucune d’elles n’avait eu de cancer au début du suivi, dans les années 1990. Quatorze ans plus tard, plus de 14.400 cas de cancer du sein avaient été diagnostiqués. Les résultats sont sans équivoque : comparées aux femmes ayant poursuivi des études supérieures, celles qui n’étaient pas allées au-delà du primaire présentent un risque réduit de 39 % pour les formes précoces (in situ) et de 19 % pour les formes invasives. Un effet protecteur, quoique moindre, est également observé chez celles s’étant arrêtées au secondaire.

Une corrélation qui s’explique par plusieurs facteurs

Un paradoxe, alors que la plupart des cancers frappent plus durement les populations défavorisées. « Le cancer du sein fait exception : il est plus fréquent chez les femmes à statut socio-économique élevé », note Margherita Pizzato, interrogée par Le Monde. Les chercheurs avancent plusieurs explications : grossesses plus tardives, moins nombreuses, consommation d’alcool plus importante, ou encore recours accru à la contraception hormonale.

Autre facteur : une participation plus régulière au dépistage, qui favorise la détection de formes précoces et hormonodépendantes, en général moins agressives. Si ces données n’établissent pas de lien direct entre niveau d’études et mortalité, elles soulignent la nécessité d’adapter les messages de prévention aux réalités sociales.