De nombreuses espèces sauvages sont touchées par la grippe aviaire : alors que l’on constate par exemple en France une hécatombe chez les grues cendrées, dans l’Atlantique Sud, ce sont les éléphants de mer qui se trouvent décimés. Le constat est sans appel selon l’étude publiée le 13 novembre par la revue Communications Biology, et menée sur la principale espèce de phoques mondiale, en Géorgie du Sud.

Il y a trente ans, la dernière estimation en date soutenait que plus de 50 % de la population totale des éléphants s’y trouvait, avec plusieurs sites de reproduction répartis sur l’île subantarctique de 3 700 km carrés.

Depuis l’arrivée du virus de la grippe aviaire sur le morceau de terre isolé – dont la première suspicion d’infection remonte au mois de septembre 2023 – le nombre de femelles reproductrices présentes sur les plages a chuté de 47 %, soit environ 53 000 éléphants de mer. Les nouveaux-nés dont les mères ont été touchées par la grippe aviaire meurent à leur tour, nourrissant le cercle vicieux.

Une autre étude menée sur la presqu’île de Valdés, dans le Sud de l’Argentine, a déterminé que 97 % des jeunes sont morts (soit plus de 17 000 individus), soit par abandon, soit après avoir contracté la grippe aviaire. Cette population avait été réduite de 60 % par le virus, représentant ainsi le plus grand événement de mortalité enregistré pour cette espèce. Les résultats concernant la Géorgie du Sud «suggèrent que l’impact de l’épidémie est probablement comparable aux mortalités massives» de la péninsule de Valdés, identifie le rapport.

Selon les chercheurs, les phoques, qui passent le plus clair de leur temps à se nourrir en mer et qui se reproduisent en nombre sur les plages, se transmettent le virus entre eux par les gouttelettes d’eau. Une «situation déchirante» pour l’espèce, a déclaré à l’AFP Connor Bamford, auteur principal de l’étude et membre de l’institut national de recherche polaire du Royaume-Uni. Il rapporte qu’ils «sont des milliers à cracher et tousser». Ce dernier n’estime cependant pas que l’espèce est proche de l’extinction, mais souligne que «les impacts sur cette population se sentiront pendant de nombreuses années».

Les premiers virus de la grippe aviaire à travers le monde ont été détectés pour la première fois en Europe, en 2020, avant de se répandre à l’échelle mondiale, passant par l’Amérique du Nord, avant d’arriver en Amérique du Sud. Cette propagation a entraîné des mortalités massives d’oiseaux et de mammifères, et de plusieurs êtres humains.