En cette fin d’année, en Alsace comme à l’échelle nationale, la situation conjoncturelle reste globalement morose sur le marché du logement. Les données fournies par les professionnels de l’immobilier, lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi à Strasbourg, viennent étayer ce constat.
« Depuis septembre 2022, en Alsace comme dans le reste du pays, le rythme de production de logements neufs s’est effondré pour atteindre un niveau historiquement bas. Entre 2022 et 2025, l’activité du bâtiment au plan national aura reculé d’environ 9,5 % en volume et l’emploi d’un peu plus de 4 % », a notamment précisé Frank Maire, président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) du Bas-Rhin.
Une « dynamique positive » à Strasbourg
« Dans l’Eurométropole de Strasbourg, le principal marché du Grand Est, les mises en vente de logements neufs ont retrouvé depuis le début de cette année une dynamique positive après le fort recul observé l’an dernier », a tempéré Olivier Kinder, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) du Grand Est. « Le soutien des bailleurs sociaux du groupe Action logement y a contribué mais nous sommes loin d’une reprise véritable car le volume des ventes reste particulièrement faible et inférieur à celui enregistré en 2023. »
Dans l’ancien, la tendance est globalement la même : « Sur les neuf premiers mois de l’année, le volume des transactions a globalement progressé de 6,8 % en France par rapport à la même période en 2024. Bien que comparable à l’année 2019, ce volume reste largement sous les niveaux atteints en 2021 et 2022 », a relevé Me Catherine Berthol, présidente de la chambre des notaires du Bas-Rhin.
« On a besoin des investisseurs privés »
Sur le marché de la location, Frédéric Bernhard, coprésident de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) du Bas-Rhin, confirme que le différentiel continue à se creuser entre l’offre et la demande. « La loi climat et résilience, qui interdit désormais la location des passoires thermiques, et la énième réforme du dispositif MaPrimeRénov, qui fait hésiter les bailleurs, n’arrangent pas les choses. »
« Qu’il s’agisse du neuf ou de l’ancien, du parc social ou du parc privé, tous les segments de l’immobilier sont étroitement liés. Si un maillon est défaillant, toute la chaîne du logement se trouve impactée, ce qui entrave par la même occasion la mobilité résidentielle des ménages », a rappelé Frank Maire. Selon les professionnels, la baisse des taux bancaires et l’élargissement du prêt à taux zéro ne suffiront pas à relancer véritablement le marché du logement. « On a besoin des investisseurs privés, or avec l’arrêt du dispositif fiscal Pinel ceux-ci ont quasi disparu », insistent-ils de manière unanime.
Aligner la location nue sur la location meublée
Pour relancer le marché du logement, les professionnels de l’immobilier s’en remettent aux préconisations du rapport remis au gouvernement en juin dernier par Marc-Philippe Daubresse, sénateur (LR) du Nord, et Mickaël Cosson, député (MoDem) des Côtes-d’Armor. « Ce rapport contient une mesure simple, que nous réclamons depuis plusieurs années, à savoir la création d’un statut pérenne et protecteur du bailleur privé. Il s’agit d’un amortissement fiscal annuel incitatif, qui aligne par ailleurs l’abattement pour les locations nues sur celui de la location meublée, ce qui rendra l’investissement locatif à nouveau attractif », explique Frank Maire.
La création de ce nouveau statut figure justement à l’ordre du jour du débat parlementaire relatif au projet de loi de finances pour 2026. « S’il est adopté sans être raboté et mis en œuvre au plus vite, ce mécanisme produira des effets dès l’an prochain », assure Olivier Kinder.
« Commencer par cette mesure serait une bonne chose », acquiesce Frank Maire. « On pourra par la suite la compléter car d’autres propositions sont sur la table comme la pause normative dans la construction, avec retour aux prescriptions de la réglementation environnementale 2022, et l’instauration d’une TVA à taux réduit basée sur les revenus des ménages et non sur la zone géographique. »