Avec le retour du printemps, le village de Pont-Réan, sur la commune de Guichen, a retrouvé son cadre bucolique. Les berges de Vilaine sont baignées de soleil, et le halage envahi de promeneurs. Un site particulièrement apprécié aux beaux jours. Pourtant, il y a trois mois presque jour pour jour, Pont-Réan était littéralement sous les eaux, touchée de plein fouet par la crue historique de la Vilaine. Ici, l’eau est montée jusqu’à 4,81 m. Une hauteur historique qui a provoqué de nombreuses inondations.
Ce fut le cas notamment de la rue de Louvain, dans le bourg. Ce jeudi 24 avril 2025, les jardins de cette petite artère pavillonnaire sont densément fleuris. Difficile d’imaginer qu’en début d’année, elle s’est transformée en lac. Et pourtant. Au milieu de la rue, l’école primaire privée a été entièrement inondée quelques semaines seulement après sa rénovation complète.
Fin janvier, Pont-Réan a été entièrement inondée par la crue historique de la Vilaine. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)Toujours en attente des assurances
Les pavillons, eux aussi, ont été durement touchés. Et trois mois après, la galère n’est toujours pas derrière eux. Au fond de la rue, Nicole, 80 ans, est toujours empêtrée avec les assurances. « Je n’ai pas encore été remboursée. Je n’en dors toujours pas la nuit. »
Habitante de cette coquette demeure depuis 45 ans, l’octogénaire a vu son sous-sol inondé jusqu’au plafond. « Toute l’électricité à la cave est à refaire, mon monte escalier a dû être réparé, mais l’assurance n’a pas encore remboursé. Je les ai encore appelés ce matin ». Stressée, Nicole multiplie les rendez-vous chez le médecin et l’ostéopathe car « je n’arrive pas à m’en sortir ».
Mes voisins sont définitivement partis. Ils ont déserté leur maison, ces inondations ont été celles de trop pour eux.
Un peu plus loin, une autre habitante, qui a eu 10 cm dans sa maison de plain-pied, se veut plus philosophe. Elle non plus n’a pas encore été remboursée des travaux, « mais ça viendra, je ne m’inquiète pas. En revanche, mes voisins directs sont définitivement partis. Ils ont déserté leur maison, ces inondations ont été celles de trop pour eux ».
« Mon propriétaire pense que je pourrai revenir en juin »
Noëlle, qui habite juste en face, va elle aussi partir. « Mais c’était prévu. Certains potentiels acquéreurs ne veulent pas visiter à cause des possibles inondations ». Chez elle, l’eau est rentrée sur 80 cm au rez-de-chaussée. Dans la pièce, les plaques de plâtres et l’isolation ont été découpées sur un mètre, laissant les parpaings apparents. Au sol, le parquet a été retiré. « C’était ma salle à manger. Je l’ai installée à l’étage depuis et cette pièce au rez-de-chaussée est devenue une salle de sport. J’attends qu’on m’installe des plaques de plâtres spéciales utilisées dans les piscines et saunas ».
Chez Noëlle, la pièce du rez-de-chaussée, inondée, a été transformée en salle de sport en attendant les travaux. (Photo Le Télégramme/Romain Leroux)
À 100 mètres, Cindy, locataire d’une maison dans cette même rue, tond la pelouse dans son jardin. Pourtant, elle n’a pas encore pu faire son retour dans son logement. Depuis fin janvier, elle est relogée dans un appart’hôtel à Guichen. « Je n’ai pas pu emmener mon chat, alors il est le seul à encore vivre ici. Je passe le voir chaque jour. » Avec 30 cm d’eau à l’intérieur, tout le sol est à refaire. Comme les peintures aux murs. Dans sa maison, du carrelage a été posé. Le reste est encore en chantier. « On a eu trois semaines d’assèchement. Puis les experts ont dû chiffrer les dégâts et ensuite il faut le temps que les entreprises passent. Mon propriétaire pense que je pourrai revenir en juin. » Soit près de cinq mois après les inondations…