Donald Trump, le président américain, « redouble d’imbécillité » sur le réchauffement climatique. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom ne mâche pas ses mots à la trentième conférence des parties, la COP30, à Bélem, au Brésil. Celui qui pourrait être candidat à la présidentielle américaine de 2028 multiplie les apparitions lors de forums, rend visite à des peuples autochtones, signe des accords.

Bien que le plus visible, il n’est pas le seul élu américain présent puisqu’ils sont une centaine, comme la gouverneure du Nouveau Mexique, Michelle Lujan Grisham, ou Barbara Buffaloe, maire de Colombia dans le Missouri, et également envoyée de la Conférence des maires américains. Sur place, avec le mouvement We are still in qui a son pavillon à la COP, et l’alliance US pour le climat, ils répètent leur volonté de respecter localement l’accord de Paris, visant à limiter le réchauffement « nettement sous les 2 °C ».

Pour la première fois, en raison du retrait annoncé en janvier des Etats-Unis de l’accord de Paris qui sera effectif en 2026, il n’y a aucun représentant de haut niveau étasunien dans une COP. Alors quelle est réellement la marge de manœuvre de ces élus ? Présente à Bélem en tant qu’observatrice, Marta Torres-Gunfaus, directrice du programme climat de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), un think tank, analyse les actes de cette délégation alternative.

Une centaine d’élus américains, gouverneurs ou maires, sont à Bélem. Que peuvent-ils faire en l’absence d’une délégation officielle étasunienne ?

Il est important de savoir que le processus de négociations dans le cadre des COP est mené par les parties signataires [c’est-à-dire les 194 pays et l’Union européenne]. Des élus comme les gouverneurs ou les maires n’ont donc pas la capacité d’influencer directement le résultat des négociations. Mais, depuis de nombreuses années, la COP a cette double fonction : d’une part, faire avancer les négociations et, d’autre part, créer des partenariats avec des acteurs non étatiques en général.

Et c’est particulièrement le cas cette année avec l’agenda de l’action [une initiative de la présidence brésilienne visant à soutenir « une réserve de solutions » pour accélérer la mise en œuvre de l’accord de Paris]. De nombreux acteurs non parties s’accordent sur des partenariats ou des plateformes à mettre en place. Il s’agit donc d’un espace très actif et très visible, où les gouverneurs et maires des États-Unis peuvent conclure de nombreux accords pour empêcher l’inertie de l’administration Trump sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de leur pays.

« La Californie ne va pas céder. Nous allons essayer d’être leader [sur l’action climatique], malgré ce que fait notre gouvernement fédéral », a affirmé Gavin Newsom, le 12 novembre. Comment ces déclarations sont-elles reçues à la COP30 ? Est-il l’attraction star ?

(Rires) Il y a beaucoup de stars ici. Mais c’est très symbolique, car cela fait passer le message que les Etats-Unis ne sont pas que l’administration Trump. Cela montre qu’il y a un autre avenir possible, qui pourrait être très prometteur. Evidemment, Gavin Newsom se positionne pour la présidentielle. Mais la Californie est une économie puissante sur le marché mondial [la quatrième au monde si l’Etat était indépendant]. Le fait qu’une délégation complète soit envoyée ici, c’est très important.

Y a-t-il d’autres formes d’intervention américaine dans le cadre des négociations ?

Plusieurs anciens négociateurs américains sont présents ici à la COP30. J’ai personnellement pu constater comment ils fournissent aux négociateurs des informations sur ce qui fonctionnerait ou ne fonctionnerait pas pour les États-Unis dans la perspective de leur retour éventuel dans quatre ou cinq ans. Il existe donc une sorte de lien pour s’assurer que les portes restent ouvertes si les États-Unis reviennent dans l’accord de Paris.

La Californie a signé plusieurs accords à Bélem, un avec le Bade-Wurtemberg sur le partage d’expériences, un autre avec l’État brésilien du Para sur la protection des forêts. Cela a-t-il une utilité ?

Beaucoup d’accords signés sont en rapport avec le partage d’expériences. Ils sont importants. Bien sûr, ils ne changeront pas à eux seuls la courbe des émissions de gaz à effet de serre, mais nous sommes dans une phase où nous devons accélérer et où la plupart des obstacles rencontrés sont dus au fait que nous apprenons par la pratique. Plus nous maximisons ces échanges de pratiques, mieux c’est.

La Californie a aussi signé un partenariat climatique avec le Nigeria sur le transport vert, l’adaptation climatique et la réduction de la pollution. C’est une initiative que pourrait prendre un pays…

Oui, en effet. Il ne s’agit pas seulement d’agir au niveau local, mais aussi de réaffirmer que certains ont également un rôle à jouer dans la coopération avec les pays tiers. Et je pense que c’est très important. La Californie a son propre agenda de politique étrangère depuis de nombreuses années. Le fait que ça soit mis en place ici au sein de la COP est important, car cela montre qu’il n’y a pas besoin de Trump pour tout, que d’autres peuvent occuper au moins une partie du vide laissée par l’administration Trump à la COP.