Une belle ristourne. Ce vendredi 14 novembre, la Suisse s’est félicitée d’avoir réussi à convaincre les Etats-Unis de faire chuter les droits de douane américains frappant les produits helvétiques. De 39 % (parmi les plus élevés imposés par Trump), ils seront désormais «réduits à 15 %», a annoncé le gouvernement suisse sur X, remerciant au passage le «président Trump pour son engagement constructif». En échange, les entreprises suisses se sont engagées à investir 200 milliards de dollars (172 milliards d’euros) aux Etats-Unis d’ici la fin 2028.

Cette baisse est le fruit de négociations entre les deux pays, et notamment entre le ministre suisse de l’Economie et le représentant américain du Commerce, qui se sont rencontrés jeudi à Washington. Mais une autre rencontre qui fait polémique de l’autre côté des Alpes pourrait avoir eu un effet accélérateur : celle qui a eu lieu la semaine dernière entre six grosses entreprises suisses (MSC, Rolex, Mercuria, Partners Group, MKS et Richemont) et Donald Trump dans la capitale américaine.

Si le président américain a parfaitement le droit de s’entretenir avec des grands patrons du monde entier, les cadeaux que ces derniers lui ont fait à l’issue de leur discussion posent question. En plus des promesses d’investissement en cas de baisse des taxes, les six représentants ont ainsi offert à Donald Trump selon la presse suisse une pendule Rolex en or et un «lingot d’or dédicacé». Le quotidien Blick parle d’une «diplomatie de la Rolex» qui pourrait avoir «enfreint l’article 322 du Code pénal suisse sur la corruption d’agents étrangers».

Des clichés partagés par le sénateur Markwayne Mullin sur X vont dans ce sens. Sur l’une des photos prises, on voit qu’une «horloge de table en or, inspirée de la Rolex Datejust», trône sur le bureau du Président, rapporte le journal 24Heures. «Rolex fabrique ce type d’horloge de bureau en séries limitées, détaille encore le média suisse. Introuvables dans le commerce classique, ces pièces ne circulent que sur des forums de collectionneurs, où elles se négocient entre 20 000 et 40 000 francs [entre 21 700 et 43 400 euros environ, ndlr].» Auprès de nos confrères, Rolex n’a «pas souhaité faire de commentaires à ce sujet».

La RTS rappelle que les cadeaux diplomatiques ne peuvent être refusés aux Etats-Unis mais que tous ceux ayant une valeur supérieure à 480 dollars doivent être déclarés, enregistrés «puis remis aux archives nationales ou à la future bibliothèque présidentielle». Une règle que Donald Trump n’est pas connu pour respecter, rappelle la RTS : lors de son premier mandat, le Président s’était abstenu de déclarer plus de 100 cadeaux venus de l’étranger, comme l’avaient mis au jour des démocrates de la Chambre des représentants. Parmi les cadeaux, il y avait des clubs de golf en or offerts par le Premier ministre du Japon, des épées offertes par l’Arabie Saoudite ou encore un portrait grandeur nature de Donald Trump donné par le Salvador.

En mai, le locataire de la Maison Blanche avait également accepté un Boeing 747-8 Jumbo offert par le Qatar. Coût estimé du petit cadeau : 400 millions de dollars. Donald Trump s’était défendu en assurant qu’il bénéficierait au ministère de la Défense pour remplacer les avions présidentiels vieillissants. Et que quand on vous propose un avion gratuit, ça serait «stupide» de le refuser.