À 31 ans, le sportif va participer aux Foulées de l’éléphant, sous les couleurs de l’association Les Extraordinaires, qui œuvre à l’inclusion et l’emploi des personnes handicapées.

«Aujourd’hui, Timothée s’entraîne pour courir un 10 km». L’affiche trône fièrement sur la vitrine de l’établissement Le Reflet, implanté dans le centre-ville de Nantes. Ici, les serveurs, porteurs d’une trisomie 21, véhiculent une ambiance particulièrement chaleureuse. Dans les cuisines de ce restaurant extraordinaire, Timothée arbore le même sourire que sur la photo annonçant sa participation à l’Abalone Marathon de Nantes.

Cet adepte de musculation et de course à pied va prendre part samedi soir aux Foulées de l’éléphant by Decathlon, l’un des quatre parcours proposés dans le cadre de l’événement sportif historique. «Le marathon, ça va le faire. J’ai hâte de faire les 10 km, d’être une star de Nantes et montrer aux gens que je suis capable», confiait il y a quelques jours cet habitant de la colocation solidaire Fratrie dans une vidéo prise après un entraînement.

Issu d’une famille sportive

«Je cours pour perdre du poids», explose de rire le trentenaire, adossé sur une banquette du restaurant où il travaille 25 heures par semaine. Plus sérieusement, cet ancien travailleur d’un ESAT revient pour Le Figaro sur sa pratique régulière du footing. «Mon père était dans l’armée», amorce-t-il, pour expliquer le côté sportif qui l’anime. Ses sœurs sont elles aussi férues de jogging. L’an passé, «j’ai eu envie de faire le 10 km. J’ai eu un déclic», se souvient Timothée.

L’association Les Extraordinaires, qui a initié l’ouverture de deux restaurants Le Reflet et œuvre à l’inclusion et l’emploi en milieu ordinaire des personnes handicapées, mène depuis 2023 une action de sensibilisation lors du marathon nantais. Elle propose aux inscrits de courir sous ses couleurs, et mobilise aussi les supporters, à travers le Virage Extraordinaire. «C’est une fan zone pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, qui se matérialise par un passage de 40 mètres de long, habillé aux couleurs de l’association», décrit Amandine Perraud, à l’origine de cette initiative. Le lieu choisi est stratégique : il s’agit de la place Royale, au cœur de la ville. Tous les participants passent par là. Atelier maquillage, création de pancartes de soutien, animation musicale, vente de muguet extraordinaire en partenariat avec la fédération des maraîchers nantais… le speaker officiel du FC Nantes, Jean-Charles Verdalle est même présent «pour faire monter la température !»

C’est l’inclusion dans toute sa définition

Eve Jarnoux, coach de Timothée dans la préparation du 10 km

Lors des différentes courses, il est de coutume que les supporteurs extraordinaires rejoignent certains coureurs sur les derniers mètres. «L’année dernière, Timothée m’a fait la surprise de m’attendre sur les 200 derniers mètres», se remémore Eve Jarnoux, qui l’a accompagné dans sa préparation tout au long de l’année et a observé sa «fabuleuse progression». Ensemble, ils ont notamment bossé le rythme et la fréquence, afin de courir moins vite mais plus longtemps, sans pause. «C’est un sprinter. On a beaucoup travaillé l’endurance fondamentale, je lui ai répété de ne pas accélérer», relate cette orthophoniste de formation, qui s’est remise au sport il y a trois ans grâce à l’association Les Extraordinaires. Elle courra donc cette année aux côtés de son acolyte. «Le chemin de Timothée est à applaudir et encourager. C’est source d’espoir pour plein de personnes concernées. C’est l’inclusion dans toute sa définition.»

Le parcours de Timothée rend aussi fier son patron Florian Bisault et ses collègues, à l’instar d’Alice. Cette jeune femme porteuse de trisomie 21 court une à deux fois par semaine, jusqu’à 45 minutes. En 2023, elle aussi a tenté le même parcours mais a dû arrêter après un malaise. «Bon courage», lancent joyeusement deux serveurs, passant devant Timothée. Celui-ci peut également compter sur ses parents, qui vont se déplacer de Vendée pour l’encourager. Sa mère Pascale, jointe par téléphone, est particulièrement fière de l’aventure de son fils et plus généralement «de la vie qu’il s’est construite». Elle sait qu’il «attend cette date-là avec impatience. Il veut prouver à son papa, et plus largement à tous, que les personnes handicapées peuvent aussi faire des choses». À quelques jours de l’objectif, Timothée reste un peu stressé. Cette semaine, c’est sommeil et alimentation de qualité. Pâtes, légumes, steak haché, poisson… «J’ai besoin de ça pour être en forme». En attendant d’aller festoyer après samedi soir, après son exploit sportif.

Des entraînements ont été organisés avec l’association ces dernières semaines.
Les Extraordinaires

L’équipe du Reflet devant le restaurant de Nantes. Un autre existe à Paris, dans le marais.
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