Avec Boat people, présenté au festival du TNB à Rennes (Ille-et-Vilaine), Marine Bachelot Nguyen continue de creuser le sillon du théâtre documentaire. Cette fois l’autrice et metteuse en scène rennaise nous plonge dans les années 1975. À la télévision, des reportages montrent des embarcations de fortune surchargées. À bord, sont entassés des hommes, des femmes des enfants venus du Vietnam, du Laos, du Cambodge. La traversée est dangereuse. Maladie, noyade… Beaucoup meurent en chemin. À l’ouest, ces tragédies s’invitent dans les journaux télévisés de 20 h. Les images chocs émeuvent.
Elan de solidarité sans précédent
À l’heure de la guerre froide, un élan de solidarité sans précédent s’organise pour venir en secours et accueillir ces populations qui fuient la dictature communiste. En quelques années, dans un consensus général, ce sont plus de 130 000 réfugiés du sud-est asiatique qui sont pris en charge avec une naturalisation simplifiée, et des propositions de travail, dans une France en quête de main-d’œuvre.
« Boat people » raconte l’histoire d’une famille du centre de la France qui accueille des réfugiés en 1979. Caroline Ablain
Fiction et archives
Dans Boat people, avec une équipe de comédiens épatants et subtils, Marine Bachelot Nguyen raconte comment Cathy et Michel, qui vivent avec leur fils, un garçon biafrais adopté, dans un petit village du centre de la France accueillent une famille d’exilés. Bienveillance, choc des cultures, générosité, mais aussi bonne conscience, clichés coloniaux s’invitent sur scène… Une fiction mêlée à des témoignages, archives sonores et vidéo pour raconter les traumatismes, l’intégration silencieuse et faire résonner des récits oubliés. La pièce éminemment politique, forte et touchante, questionne aussi cette autre histoire, l’accueil des migrants d’aujourd’hui, qui sur des embarcations de fortune, et au péril de leur vie, traversent cette fois la Manche ou la Méditerranée.
Du 2 au 5 décembre à Lorient, du 20 au 23 décembre à Nantes, du 14 au 15 janvier à Saint-Brieuc, du 25 au 27 mars à Brest…