Devant l’école maternelle Joséphine Baker, deux banderoles donnent le ton : « Dans cette école, des enfants sont SDF », « J’ai 4 ans, je dors dehors ! ». Les pancartes sous le préau enfoncent le clou : « Et si c’était votre enfant qui dormait à la rue ? » « Un toit c’est un droit ».
Depuis septembre, des parents schilikois se mobilisent pour mettre à l’abri des familles à la rue. Jeudi, le collectif de l’école Joséphine Baker et celui de l’école Mermoz étaient aux côtés de la maire Danielle Dambach et de son adjointe Sandrine Le Gouic , parlant au nom de la communauté éducative.
Leur objectif ? Dénoncer le « silence glacial et assourdissant » de l’État et de la Collectivité européenne d’Alsace , qui n’ont pas même pris le temps de répondre aux courriers de Danielle Dambach.
Alors que les températures sont en baisse, il y a urgence à réagir. Julien Hélary (collectif Joséphine Baker) rappelle une évidence : « Quand on dort par des températures négatives, c’est la survie qui est en jeu ».
Le collectif Joséphine Baker soutient un couple avec deux enfants, de 2 et 4 ans. Celui de l’école Mermoz aide deux familles, l’une composée d’une mère enceinte, avec deux enfants de 8 et 4 ans, sans solution d’hébergement, et l’autre d’un père et d’une mère, avec deux enfants de 11 et 9 ans, dormant dans leur voiture. D’autres enfants pourraient être concernés à Schiltigheim.
« On arrive à nos limites »
À la mi-octobre, la municipalité a reçu les collectifs et a entendu leur demande pressante que la Ville se supplée à l’État défaillant. Jeudi, Danielle Dambach, dans son « alerte de la dernière chance » adressée à l’État et à la CEA, a rappelé que l’hébergement d’urgence n’était pas de la compétence d’une ville et qu’il n’y avait plus de locaux municipaux vacants. « On fait des choses mais on arrive à nos limites », notamment en prenant en charge les frais de restauration des enfants, a souligné Sandrine Le Gouic.
Qui alors ? Pour Julien Hélary, « On ne peut pas faire reposer la politique sociale sur les simples citoyens ». Faut-il donner des subventions à des associations pour qu’elles prennent en charge ces familles ? Dans l’assistance, Catherine et Annabelle, militantes du collectif Pas d’enfant à la rue, ont mis en garde les élus schilikois : « Les associations sont sous l’eau ». Elles demandent que les familles puissent dormir dans les écoles « déjà chauffées ». Danielle Dambach n’a pas totalement écarté cette solution, si rien d’autre n’était envisageable. Elle a pris l’engagement de ne pas avertir la police pour déloger les familles.
Une cagnotte en ligne
Reste un point particulier au quartier de l’école Joséphine Baker. « Juste à côté de notre école, un très grand logement est vacant » a révélé Samira Talbi. Ce logement de fonction du collège Leclerc, propriété de la CEA, est vide. En faire un lieu d’hébergement d’urgence ? Reste à convaincre le Département.
En attendant, tout comme l’a déjà fait le collectif Joséphine Baker, celui de Mermoz lance une cagnotte en ligne, sur HelloAsso. La solidarité a déjà permis de payer des nuits d’hôtel. Mais la situation se tend : « Ce qui nous inquiète, c’est le marché de Noël. Les prix des hôtels flambent ! » déplorent Marie Laure Friot et Annick Jolivot.