Par
Yoann Vallier
Publié le
15 nov. 2025 à 17h00
Larchant (Seine-et-Marne), sans doute l’un des plus beaux villages d’Ile-de-France, avec sa forêt et son fameux rocher de l’Eléphant, ses rues typiques et son incroyable basilique. Avec ses 750 habitants au cœur du massif de Fontainebleau, le décor est idyllique. Trop peut-être. Le prix des maisons a monté en flèche, les locations ont presque disparu, et le maire, Vincent Mével, voit son village se transformer sous ses yeux. « On a 150 résidences secondaires sur 450 boîtes aux lettres. Un tiers du village. Et aujourd’hui, il nous reste cinq locations à l’année ».
On est face à un système injuste
Vincent Mével
Depuis quelques années, la ruée vers les locations touristiques de courte durée bouleverse l’équilibre du village. « C’est devenu n’importe quoi. En cinq ans, on a perdu la majorité de nos locations ». Larchant, classé « village de caractère », attire les visiteurs pour ses ruelles anciennes et sa proximité avec la forêt. Mais cette attractivité a un prix : « Les jeunes ne peuvent plus s’installer, c’est une catastrophe pour le renouvellement de la population », insiste l’élu.
Sur les 200 couchages touristiques recensés -gîtes, chambres d’hôtes, Airbnb-, la plupart ont remplacé les logements à l’année. « Quelqu’un construit actuellement deux bâtiments : quatre logements. C’est Airbnb ».
Face à cette explosion, certaines communes ont choisi d’augmenter la taxe sur les résidences secondaires, autorisée depuis 2023 jusqu’à +60 %. Pas Larchant. « J’ai freiné des quatre fers, dit le maire. Ce serait injuste de sanctionner ceux qui ont une résidence secondaire, qui font vivre le commerce local et ne posent pas de problème ».

Le maire Vincent Mével tire la sonnette d’alarme ©Y.V/RSM77
La question, pour lui, est ailleurs : comment enrayer une mécanique qui échappe aux maires ruraux ? « Quand vous louez un week-end à 550 €, c’est ce qu’on touchait avant pour un mois ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le prix des maisons a bondi de 40 % depuis le Covid, et les loyers ont suivi, grimpant de 600 à 1 000 €, voire 1 200 € pour les biens rénovés.
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« L’effet pervers est complètement dingue. Ceux qui ont les moyens font les travaux et augmentent les loyers, les autres laissent leurs biens vacants ». Selon le maire, une trentaine de logements sont aujourd’hui inoccupés, souvent détenus par des propriétaires âgés incapables d’assumer le coût des rénovations : « Beaucoup étaient commerçants, c’était leur complément de retraite. Ils ne peuvent plus faire les travaux, alors ils vendent. Et quand ils vendent, ça devient un Airbnb ».
Et ce n’est pas sans conséquence. Si la boulangerie « cartonne », la vie du village s’effrite, faute de renouvellement.
Pour l’élu, qui a déjà annoncé qu’il ne se représentera pas en 2026, le sujet dépasse largement les moyens d’une petite commune : « On est face à un système injuste. Les Airbnb ne sont pas soumis aux mêmes contraintes de rénovation énergétique que les locations à l’année ».
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