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Rédaction Normandie

Publié le

15 nov. 2025 à 17h38

Le 17 septembre, la mort de Mamadou Garanké Diallo, le jeune Guinéen qui travaillait dans une boucherie à Darnétal, a profondément marqué la ville. L’association Vivre ensemble à Darnétal a, elle aussi, été très touchée de ce décès : elle lui avait apporté son soutien lors de son combat face à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) prononcée par la préfecture de la Seine-Maritime.

Comprendre ce qu’est une OQTF

Dans le cadre d’un « Café citoyen », de moments d’échanges et de réflexion, lundi 3 novembre dernier, au restaurant Le Bosphore, la présidente Patricia Kowalczyk a invité Jacqueline Madeline, Anne-Marie Arnmark et Adriana Masse Machado des associations Welcome et Locami à revenir sur ce « qu’est une OQTF ». Une référence à Albert Camus, qui disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».

Au cours des conversations, l’assistance a appris que 138 000 OQTF ont été prononcées en 2023 en France, pour 22 000 titres de séjour accordés. « Des OQTF peuvent être prononcées sans délai, sous 48 heures ou 30 jours. » Les spécialistes ont développé les modalités administratives, celles de mises en exécution, sur le Centre de rétention administrative (CRA) de Oissel et sur la Cour d’appel de Douai qui « coûte 3 000 euros pour chaque présentation où les trois quarts du temps le préfet gagne. Un tas de difficultés pour les personnes qui veulent se régulariser. Voilà pourquoi beaucoup de migrants n’osent pas faire une demande pour ne pas se retrouver sous les radars. C’est une manière de bâillonner les étrangers. C’est très efficace », ont plaidé les militants.

« On transforme des personnes en hors-la-loi »

Au final, « on transforme des personnes en hors-la-loi. Elles sortent des clous alors que certaines étaient parfaitement intégrées. La France fabrique des délinquants. C’est un choix politique malveillant et bien organisé », ont dénoncé les intervenants, avant d’évoquer le cas de Mamadou. « Il a subi une OQTF de mort. C’est cette décision qui l’a amené à ce destin tragique. On lui a reproché de ne pas avoir d’attaches dans notre pays alors que son patron et nous, nous étions derrière lui », ont souligné les membres de l’association, convaincue que s’il a tenté de fuir en Angleterre, c’est parce qu’il « a compris qu’on ne voulait pas de lui en France. Il a choisi ce pays pour la langue, des connaissances, la facilité de travailler. Il a surtout compris que la préfecture ne le lâcherait pas. Comme Darnétal, il a choisi l’Angleterre en se disant pourquoi pas ? ».

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