Conseiller municipal délégué et élu référent de l’Esplanade, Patrice Schoepff ne siégera plus au sein du groupe majoritaire au conseil municipal de Strasbourg, mais il ira au bout de son mandat en tant que non inscrit. « Je ne suis plus non plus encarté chez EELV », précise celui qui n’a pas renouvelé sa cotisation cet été, n’étant « plus en phase, face aux accords programmatiques et aux questions d’alliance avec La France insoumise ».

Déçu, Patrice Schoepff dit avoir envisagé de quitter le groupe majoritaire « dès le début de l’affaire Polesi », dont il estime qu’elle a été « mal gérée » et que la maire ne l’a pas entendu quand il a « tenté de l’alerter dès 2023 suite à des signaux faibles » qu’il avait perçus. « D’ailleurs, je n’assistais plus aux réunions de groupe depuis », précise-t-il.

« Ce que j’ai vécu en tant qu’élu de territoire, ça s’apparente à de la maltraitance »

Mais c’est aussi – surtout ?- le « manque de cadre et de leviers en tant qu’élu de quartier » qu’il déplore, même s’il souligne « la bienveillance » des habitants de l’Esplanade. « Dans l’organisation horizontale telle qu’elle a été pensée, on a le droit de placer des arceaux à vélos, mais ça s’arrête là ! » estime-t-il, évoquant plusieurs situations où il ne s’est senti « ni entendu, ni soutenu ». Qu’il s’agisse « de trouver une solution de logement à la personne qui vit depuis des années sous tente, place d’Athènes » ; ou d’assurer la sécurité devant l’école Sturm « suite à la suppression d’un ASVP (agent de surveillance de la voie publique). Ce que j’ai vécu en tant qu’élu de territoire sur ce mandat, ça s’apparente à de la maltraitance », dénonce-t-il. Et de préciser qu’il n’a « plus l’énergie de continuer dans ces conditions ».

Sans compter que, concernant le projet politique, il « [attend] toujours aussi la rupture annoncée. À part dans le domaine des mobilités, je ne la vois pas », cingle celui qui a soutenu avec succès en juillet dernier un Master en « Organisation et conduite du changement » et pointe « de gros soucis d’organisation » au sein de la majorité sortante. Quant à savoir s’il pourrait apparaître sur une autre liste dans la perspective des municipales à venir, il ne ferme pas la porte. « Si j’estime qu’il y a un vrai programme politique solide pour Strasbourg, pourquoi pas ? »

Nicolas Matt dénonce « une affaire symptomatique d’un système bloqué »

Conseiller d’Alsace du canton Strasbourg 5 et conseiller municipal d’opposition, Nicolas Matt a réagi en disant qu’il prenait « acte de cette décision. Les divergences politiques peuvent exister, mais la sincérité de celles et ceux qui s’engagent mérite toujours d’être reconnue. Cette affaire ne met pas en cause la personne de M. Schoepff. Elle révèle surtout, de manière éclatante, la dérive du fonctionnement interne de la majorité municipale et le sentiment d’impuissance grandissant de ses propres élus », fustige-t-il, y voyant « une affaire symptomatique d’un système bloqué », avec des élus de quartier qui, loin de la promesse de proximité, n’ont plus « qu’un rôle de boîte aux lettres ».