Elles sont six Plouganistes retraitées, Cathy, Jacqueline, Marie-France, Sophie, Mireille et Christine : les Wumen Hopoz – du nom de leur groupe de musique, clin d’œil assumé à « ménopause », qui chez elles se vit décomplexée et en prose – dénotent autant qu’elles étonnent. Elles n’avaient pour la plupart jamais écouté de rap de leur vie. Jusqu’à ce qu’elles décident de sortir un album intitulé « Rapaped », cet automne 2025, avec la complicité de Romain Lambert, intervenant auprès de l’association Projets, échanges et développement (PED) de Plougasnou. Un habitué de la culture rap, qui a fait partie d’un collectif de hip-hop et slam de rue à Lille, au début des années 2000.
Des ateliers d’écriture en alexandrins…
L’idée est née lors de trois ateliers d’écriture organisés tout au long de l’année 2024. « À ce moment, les ateliers portaient sur l’écriture en alexandrins, à partir de vers du poète Jean Richepin ou de la rappeuse Casey, raconte Romain Lambert. Les participants étaient très inspirés et ont produit 24 textes ! ». Mais c’est au moment de lire leur production à haute voix que l’idée de produire un album de rap a jailli « tout naturellement ». « Ça a été un moment magique où chacune scandait ses textes », se souvient Catherine Bon, l’une des six rappeuses.
Une fois l’écriture terminée, les six retraités passent à la phase de relecture de leurs morceaux. Un travail « intense » qui se concrétise lorsqu’Emilio Castiello, artiste plouganiste et cofondateur du groupe Aälma Dili, leur propose d’enregistrer un album complet à son Studio du Doigt. « C’était un projet fou, j’ai pris du plaisir à le faire », assure le musicien en repensant à « certains matins trop marrants » avec la fine équipe des Wumen Hopoz.
Sophie, Jacqueline et Cathy révisent leurs textes avant l‘ enregistrement. : la belle aventure de l’album Rapaped a commencé par des ateliers d’écriture, avant qu’émerge le potentiel de déclamer les textes en rap. (Romain Lambert)… à la maîtrise du beat et du flow
« La première étape a été de travailler la diction des participantes pour leur apprendre à poser leur voix sur un beat, à développer leur flow. Seule une membre du groupe avait déjà un pied dans le monde de la musique puisqu’elle pratique le jazz, se souvient Romain Lambert, qui est aussi la seule voix masculine du groupe. Et puis c’est toujours dur d’entendre sa voix ! » « Il fallait se caler sur la caisse claire, ce qui n’est pas simple pour les néophytes », abonde Cathy. Catherine, elle, n’a eu aucun mal à chanter, le plus dur étant de « s’entendre et de se mettre d’accord. Mais c’est le groupe qui a permis de nous pousser collectivement ».
Au moment de l’enregistrement, il fallait aux rappeuses, ici Cathy, de caler leur voix sur la caisse claire : « pas simple pour les néophytes ! » (Photo Romain Lambert)
Une fois enregistrés, les morceaux ont été transmis en octobre 2025 à Lutch, ingénieur du son basé en Ardèche pour un important travail de mastering. Une demande a également été formulée à la rappeuse Casey pour la reprise d’un de ses samples, chose qu’elle a acceptée. À certaines chansons sont aussi ajoutés des « scratchs » et autres effets, « pour un rendu le plus professionnel possible ».
Ça nous a fait tellement de bien. Le fait de le faire ensemble, ça a même renforcé le sentiment de fierté !
Quatorze titres bluffants made in Plougasnou
Quatorze morceaux, en solo ou en duo, aux noms évocateurs comme « Bout de course », « Assure les arrières », « Regal style » ou « Cartouche »… qui laissent tout le monde sans voix.
Romain, Sophie, Cathy, Jacqueline, Catherine et Marie-France au studio du Doigt d’Emilio Castiello, fières, d’avoir enregistré leur tout premier album rap ! (Photo Romain Lambert)
« À la première écoute, les participantes étaient toutes épatées par le travail accompli. Elles souriaient. J’étais moi-même vraiment surpris de la qualité finale », s’étonne encore Romain Lambert. Catherine parle même d’une « prouesse extraordinaire », que le groupe doit bien à son meneur, Romain « un excellent pédagogue qui a su nous mettre très à l’aise ».
Début novembre, 140 albums « Rapaped » ont donc été gravés à Plougasnou . Les premières ventes physiques, lors de la Fête de l’automne de la commune, le 9 novembre dernier, ont déjà permis à la petite troupe d’en écouler une quarantaine.
L’album des Wumen Hopoz sera proposé à la vente à prix libre, mardi 16 décembre 2025, au Café de la place, à Plougasnou. (Photo Romain Lambert.)
Jour où les Wumen Hopoz ont aussi donné leur premier spectacle en public. « C’était incroyable ! Les gens aiment ce qu’on fait », se réjouit Catherine. La jeune retraitée de 63 ans se voit d’ailleurs continuer l’aventure avec les Wumen Hopoz pourquoi pas « en élargissant le groupe ». « Ça nous a fait tellement de bien. Le fait de le faire ensemble, ça a même renforcé le sentiment de fierté », ajoute-t-elle. Romain Lambert espère aussi réitérer l’expérience, « avec les élèves de l’école du bourg de Plougasnou par exemple ».
Pratique
Prochaine vente physique de l’album des Wumen Hopoz, mardi 16 décembre 2025, au Café de la place, à Plougasnou (prix libre). Contact par mail à wumenhopoz@yahoo.com. Leurs morceaux sont à écouter sur leur chaîne Youtube www.youtube.com/@wumenhopoz