Si en 2017 la plateforme Netflix lui consacrait un épisode de sa série Abstract, nul doute que Bjarke Ingels en avait déjà sous le pied. Et c’est peu dire !
Bjarke Ingels, dessiner dès le berceau ou presque…
Né à Copenhague le 2 octobre 1974, Bjarke Ingels rêve d’abord de phylactères avant d’utiliser ses crayons pour dessiner des plans. Diplômé de la Royal Academy of Arts de Copenhague, il intègre en 1999 la prestigieuse agence OMA de l’architecte Rem Koolhaas. Son amour pour l’architecture, il le doit un peu à Gaudi qui, à travers ses œuvres barcelonaises, lui révèle un métier profondément fascinant, différent de ce qu’il imaginait.

Bjarke Ingels, un regard résolument tourné vers l’avenir. © BIG
En 2006, il fonde BIG, pour Bjarke Ingels Group, après une première expérience prometteuse avec le studio Plot qu’il a co-fondé. Les projets s’enchaînent et Bjarke Ingels pose les jalons d’une approche architecturale ludique, visionnaire et pragmatique, sans omettre un sens aigu de l’innovation.
Une philosophie résumée en trois mots : « Yes is more »
Bjarke Ingels revient à ses premières amours en 2010 et publie une bande-dessinée manifeste intitulée « Yes is more », clin d’œil à la célèbre maxime « Less is more » de l’architecte allemand Ludwig Mies van der Rohe. Il y expose sa vision de l’architecture contemporaine, un style qu’il nomme « durabilité hédoniste ». Cette approche consiste à créer une architecture écologique, pensée pour le confort des habitants, tout en favorisant les relations sociales et une véritable reconnexion à la nature.
Quoi de plus évident pour celui qui a grandit au Danemark, nation du design danois et du civisme écologique ?

The Plus, siège de Vestre, implanté dans une forêt norvégienne de 121 hectares, certainement l’usine la plus propre et neutre en carbone au monde. Une architecture de style complètement « durabilité hédoniste » ! © Einar Aslaksen
Bjarke Ingels est aussi à la recherche de l’Idée (avec un grand I) et repousse les limites de l’imaginable, employant des formes simples qu’il complexifie et dont le résultat n’en est que plus fabuleux !
Entouré de 700 collaborateurs, il insiste sur l’importance du travail collectif : « La somme de nos talents individuels devient notre génie créatif collectif. » Alors ils conçoivent ensemble des projets « utopiques pragmatiques », où une contrainte urbaine peut devenir une opportunité de création. Cette approche optimiste de BIG, loin des discours catastrophistes, ouvre des perspectives nouvelles pour les villes du futur…
Le saviez-vous ?
En 2021, Bjarke Ingels a imaginé avec Marc Lore le projet Telosa, une ville durable et futuriste prévue pour cinq millions d’habitants dans le désert du Nevada. Il a aussi travaillé sur un ensemble d’îles flottantes autosuffisantes en Corée du Sud, baptisé Oceanix Busan. Visionnaire, il collabore même avec la Nasa sur la conception de futurs logements… lunaires.
Un architecte à l’influence mondiale
Le « terrain de jeu » de Bjarke Ingels dépasse ses frontières. Outre Copenhague, BIG s’installe à Londres, Barcelone, New York, Shanghai, Los Angeles, Zurich, Oslo et Riyad. Un réseau mondial qui l’amène à collaborer avec des géants comme Lego, Google ou Audemards Piguet.

Google Bay View, fondé en 2017 dans la Silicon Valley, devrait fonctionner à l’énergie sans carbone 24 h/24 et 7 j/7, d’ici 2030. Il a été créé avec la volonté de Google de rapprocher l’innovation, la nature et les individus, ce qui n’est pas sans rappeler un certain architecte danois… © BIG THA
Sa carrière exceptionnelle est saluée par de multiples distinctions : Chevalier de l’ordre danois de Dannebrog, celui de Chevalier des Arts et des Lettres en France, Médaille d’or de l’Académie d’architecture en France. En 2011, le Wall Street Journal le nomme « Innovateur de l’année » et en 2016, le Times le classe parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde. Mérité !
Quelques œuvres marquantes de Bjarke IngelsCopenHill, Copenhague – Danemark (2017 et 2019)
Voici un des exemples parfaits de la philosophie architecturale de Bjarke Ingels qui s’adapte en prime au rythme des saisons !
Mise en service en 2017 (et sa piste de ski en 2019), la centrale de valorisation énergétique Amager Bakke incinère les déchets de 500 000 habitants, crée de la chaleur et de l’électricité pour environ 150 000 foyers et accueille une piste de ski avec remontée mécanique, un parc et de multiples installations sportives. Du génie !

CopenHill, entre utilité publique et loisirs, une architecture assurément géniale ! © Rasmus Hjortshoj
Le musée atelier Audemars Piguet, Le Brassus – Suisse (2020)
Encore une architecture remarquable ! Cette spirale aux parois de verre incurvé et toit en acier s’élève doucement dans le paysage jurassien.
Parée de verdure, élégamment intégrée dans une nature encore sauvage, elle symbolise à la fois le mouvement d’un ressort spiral et l’héritage d’innovation de la marque.

Le musée Audemars Piguet, un bijou d’architecture au pays de l’horlogerie. © Iwan Baan
La Méca, Bordeaux (2019)
La Maison de l’économie créative et de la culture en Nouvelle-Aquitaine (Méca) s’élève entre la ville et la Garonne.
Elle impose sa silhouette avec une arche asymétrique en béton blanc reliée par un socle central et prend place sur l’ancien site des abattoirs, marquant la transformation d’un quartier industriel en un spot dédié à l’art et à la culture où il fait bon se rassembler…

La Méca ou l’art de redynamiser un quartier bordelais grâce à l’architecture. © Laurian Ghinitoiu
The Twist, Jevnaker – Norvège (2019)
La particularité majeure de ce musée d’art contemporain est qu’il se « contorsionne » en son centre, au-dessus de la rivière Randselva, mais bien ancré d’une rive à l’autre, comme un pont.
Mi-pont, mi-bâtiment, recouvert d’aluminium, il est une symbiose entre architecture et sculpture, s’intégrant parfaitement entre forêt et cours d’eau, créant un contraste saisissant !

The Twist, le musée qui se « contorsionne » à 90° au-dessus d’une rivière norvégienne… © Kim Erlandsen
Chaque projet de Bjarke Ingels est une exploration joyeuse, entre technologie, nature et société. Il fusionne sans complexe sa rigueur danoise et son imagination sans limites, incarnant une génération d’architectes qui, au lieu de craindre l’avenir, le construisent !