Émilie Morier impressionne, tant par ses résultats que par sa capacité d’adaptation. La spécialiste du triathlon a dominé les deux premières manches de la Coupe de France N2, le Grand Prix d’Albi et le Tour de l’Orne, où elle a remporté deux des trois étapes et le classement général (voir sa fiche DirectVelo). Et ce sans se préparer pour ces rendez-vous. “Pour être honnête, je n’ai pas fait de préparation spécifique vélo, reconnaît la sociétaire du Team Grand Sud Cyclisme auprès de DirectVelo. Pour le Tour de l’Orne, j’ai fait une séance avant de partir, et encore… Mais je suis très joueuse, donc je fais des pancartes !”.
« SAVOIR COURIR COMME UNE CYCLISTE »
Sur la troisième et dernière étape du Tour de l’Orne, elle a découvert la défense d’un maillot de leader alors que les quatre premières poursuivantes appartenaient à la même équipe, la Baloise Minimax WB Ladies. “Je me suis dit : « Maintenant, il faut assumer. Toute l’équipe compte sur moi ». Je voulais marquer le coup et gagner les trois étapes. Je m’étais mise la barre super haute”. La Drômoise n’a pas réussi le grand chelem, devant se contenter de la… 4e place sur l’ultime étape pour son tout premier sprint massif.
Quelques jours plus tôt, Émilie Morier s’est frottée aux professionnelles lors du Région Pays de la Loire Tour. Une belle occasion de parfaire son apprentissage. “Mon but, c’est de savoir courir comme une cycliste et de ne pas avoir cette étiquette de triathlète qui ne sait pas courir”. Les pros, elle avait aussi pu les côtoyer cet hiver lors d’un stage au sein de l’équipe St-Michel-Preference Home-Auber 93. Introduite grâce à un partenaire, elle appréhendait de passer la semaine aux côtés de la ProTeam. “J’y allais vraiment en mode : « allez, tu tiens, chaque jour, ça sera une étape de passée ». Et dès le premier jour, je me suis sentie pas trop à la ramasse”. Elle a pu découvrir un environnement jusque-là inconnu pour elle. “Il y avait des mécaniciens, des gens qui faisaient les ravitos. Les filles ne sont jamais seules.”
OUVERTE POUR ALLER SUR LA ROUTE
Aujourd’hui encore, Émilie Morier ne vit que du triathlon, avec un budget de plus en plus serré. “Je ne peux même pas faire le début de saison aux États-Unis ». La Championne du Monde Elite 2019 de relais mixte débutera donc sa saison le 4 mai prochain à Venise. “Je suis engagée avec mes partenaires en triathlon jusqu’à fin 2025. Mais si une équipe sur route me propose un projet sur deux ou trois ans…. Je suis curieuse de voir ce que je peux donner”. Venir sur la route, c’est donc aussi prouver aux autres et à elle-même qu’elle est capable de performer à haut niveau en cyclisme. Son parcours a été marqué par plusieurs blessures : déchirures musculaires, myocardite. “En triathlon, quand je suis blessée, je ne gagne rien. C’est un peu stressant. Tu pioches dans ta trésorerie, ou des mécènes t’aident. Aujourd’hui, je n’ai pas envie de ça. Je veux pouvoir emprunter, acheter un appart. J’ai 28 ans, j’ai envie de stabilité”. Passer professionnelle dans le cyclisme serait aussi synonyme de davantage de sécurité financière. “Le cyclisme féminin se développe. Il y a un train qui passe. Je n’ai peut-être pas envie de le louper. Ça dépendra aussi du triathlon”.
Après sa 4e place ce lundi à Pujols, sur la Coupe de France N1, Émilie Morier sera ce week-end au départ du Loire Ladies Tour. Une nouvelle belle occasion de se faire remarquer face aux clubs de N1, pour conclure son mois d’avril dédié au cyclisme. Ensuite, elle devrait revenir pour le Championnat de France de contre-la-montre et sur la course en ligne fin juin. Avant de faire un point mi-juillet sur son avenir. « Je veux honorer mes contrats, mais je veux aussi me laisser la porte ouverte ensuite. Si une équipe croit vraiment en moi, je suis prête ».