Un homme à moitié nu dans la neige car il ne tombe jamais malade en hiver.Et vous, malade ou pas malade en hiver ? © Freepik

Dès les premières gelées, les virus reprennent du service. Chaque année, entre 2 et 6 millions de Français contractent la grippe, selon Santé publique France. Et ce chiffre ne compte pas les rhinovirus (responsables des rhumes), les norovirus (gastro-entérites) ni le SARS-CoV-2, qui circule toujours.

Le froid, lui, n’est pas directement responsable. Mais il crée le terrain idéal pour les virus respiratoires. Les logements sont fermés, les bureaux surchauffés, l’air devient sec… Un cocktail qui affaiblit les muqueuses du nez et de la gorge, nos premières barrières naturelles.

Une étude publiée en décembre 2022 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology a montré que lorsque la température à l’intérieur du nez chute autour de 32 °C, les cellules produisent près de 40 % de vésicules antivirales en moins. Ces petites structures jouent un rôle clé dans la défense contre les virus respiratoires. Autrement dit, notre système immunitaire refroidit en même temps que nous, alors il faut le protéger en hiver.

S’ajoute à cela un facteur social. En hiver, on vit davantage à l’intérieur, souvent en promiscuité. Et les virus, eux, raffolent des espaces clos et mal aérés.

Ceux qui échappent à tout : un vrai mystère scientifique ?

On les envie ceux qui n’attrapent rien, même quand tout le monde éternue autour d’eux. Les chercheurs ne parlent pas d’immunité miraculeuse, mais de variabilité immunitaire.

Certaines personnes sont effectivement mieux armées sur le plan biologique. Des études menées par l’Institut Pasteur et l’INSERM ont montré que les différences génétiques (notamment dans les gènes du complexe HLA) influencent la rapidité et la précision avec lesquelles notre organisme reconnaît un agent infectieux.

Mais cette génétique favorable ne suffit pas à tout expliquer. Deux personnes avec un profil génétique comparable peuvent réagir très différemment à un même virus. C’est là qu’intervient l’environnement, au sens large : 

  • sommeil, 
  • alimentation, 
  • activité physique, 
  • stress, 
  • microbiote intestinal…

Mais pourquoi certains ne tombent-ils pas malade ?  Le rôle fondamental du sommeil et du rythme de vie

Une bonne nuit de sommeil est fondamentale quelle que soit la saison. Le lien entre sommeil et immunité est aujourd’hui solidement établi. Une étude publiée dans Sleep (2015, Université de Californie) a suivi 164 volontaires exposés à un virus du rhume : ceux qui dormaient moins de 6 heures par nuit étaient quatre fois plus susceptibles de tomber malades que ceux qui dormaient plus de 7 heures.

Pendant la nuit, le corps libère des cytokines, protéines messagères qui déclenchent la réponse immunitaire. Le manque de sommeil perturbe leur production, ce qui retarde donc la défense contre les virus.

Le rythme de vie global joue aussi un rôle. L’activité physique régulière, même modérée, améliore la circulation sanguine et mobilise les cellules immunitaires. Mais attention, à l’inverse, le surentraînement peut temporairement fragiliser le corps.

Le stress : un frein invisible mais bien réel

Le stress chronique, lui, agit en silence. Selon l’INSERM, il provoque une libération continue de cortisol, une hormone qui, à long terme, affaiblit la réaction immunitaire. Le corps reste en mode « alerte » permanent et devient moins réactif face à un virus.

Une méta-analyse publiée en 2021 dans Psychosomatic Medicine a confirmé ce constat : les personnes exposées à un stress prolongé présentaient jusqu’à deux fois plus d’infections respiratoires que les autres. Un bon équilibre émotionnel n’est donc pas qu’une question de bien-être : c’est un facteur biologique mesurable.

Le microbiote, ce bouclier souvent oublié

Près de 70 % du système immunitaire se trouve dans l’intestin. Nos milliards de bactéries intestinales, qui forment le microbiote, dialoguent en permanence avec les cellules immunitaires. Un microbiote riche et équilibré permet de mieux réguler l’inflammation et d’éviter les réactions excessives.

Des travaux de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) ont montré en 2021 que les personnes ayant une flore intestinale diversifiée développaient une meilleure réponse immunitaire après une vaccination antigrippale. À l’inverse, une alimentation trop sucrée, grasse ou pauvre en fibres, ou des traitements antibiotiques répétés, appauvrissent cette flore protectrice.

L’alimentation devient donc un levier essentiel :

  • des fruits et légumes colorés pour les antioxydants,
  • des légumineuses et produits fermentés pour les fibres et probiotiques,
  • des poissons gras pour les oméga-3,
  • et, bien sûr, une bonne hydratation.

La vitamine D, grande absente de l’hiver

Selon Santé publique France, près de 8 Français sur 10 présentent un déficit en vitamine D entre novembre et mars. Or, cette vitamine agit directement sur le système immunitaire. Une synthèse de plusieurs études cliniques publiée dans le British Medical Journal (2017) a montré qu’une supplémentation modérée en vitamine D réduisait de 12 à 40 % le risque d’infections respiratoires aiguës chez les personnes carencées.

Bien que les sources alimentaires en vitamine D existent (saumon, maquereau, œufs, beurre, lait enrichi), elles ne suffisent pas toujours. D’où les recommandations régulières d’un suivi médical et parfois d’une supplémentation, notamment en hiver.

Alors, jamais malade ?

Les personnes qui disent ne jamais tomber malades en hiver ne sont pas invincibles. Elles attrapent les mêmes virus que les autres, mais leur système immunitaire les neutralise plus vite, parfois avant l’apparition de symptômes.

On parle alors d’infection asymptomatique. Des études sur la grippe et le Covid-19 l’ont d’ailleurs confirmé. Jusqu’à un tiers des infections peuvent passer inaperçues, tout en générant une réponse immunitaire. Leur organisme agit donc en silence, sans fièvre, sans toux, sans arrêt maladie. 

À SAVOIR

Selon Santé publique France (2024), aérer son logement 10 minutes matin et soir réduit jusqu’à 20 % le risque de transmission des virus en hiver. ET pour optimiser vos chances de ne pas tomber malade, maintenez une humidité entre 40 et 60 % pour éviter la propagation des virus.

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