Un visage qui se fige, un mot qui ne vient pas, un bras qui
lâche l’objet. Ce n’est pas toujours un simple malaise. « En France,
environ 140.000 personnes sont atteintes d’accident vasculaire
cérébral (AVC) chaque année », note l’Agence régionale de Santé
Île-de-France. Avec près de 40.000 décès annuels et une première
cause de handicap, l’AVC reste une urgence absolue.

Reconnaître vite les signaux change le pronostic. « Capital de
reconnaître les symptômes d’un accident vasculaire cérébral (AVC)
ou d’un accident ischémique transitoire (AIT) dès leur apparition »,
rappelle l’Assurance Maladie. Un repérage précoce et une prise en
charge rapide réduisent le risque de mortalité d’environ 30 %. Dix
secondes suffisent.

Signes d’alerte AVC : les 6 symptômes à repérer tout de
suite

« Les manifestations possibles de l’AVC sont encore trop
méconnues, alors qu’il s’agit pourtant d’un enjeu majeur de santé
publique », constate la Haute Autorité de Santé. Les signes
apparaissent souvent de manière brutale : faiblesse ou paralysie
d’un côté du corps (visage, bras, jambe), perte de sensation sur un
hémicorps, trouble de la parole ou difficulté à trouver ses mots,
perte d’équilibre ou marche instable, baisse de la vision d’un œil,
mal de tête très intense et soudain. Au moindre doute, pensez
signes d’alerte et agissez.

Qu’il s’agisse d’un AVC ischémique (le plus fréquent, environ
trois cas sur quatre) ou d’un AVC hémorragique, les symptômes se
ressemblent. L’hémorragie s’accompagne plus souvent d’une céphalée
foudroyante, parfois d’une perte de connaissance. Ces
manifestations, même si elles régressent, imposent d’appeler le
15 ou le 112 sans attendre.

Une maladie cérébrale
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La règle VITE (et FAST) pour agir sans hésiter

« Alors V.I.T.E ça veut dire quoi », interroge le médecin
urgentiste Gérald Kierzek, au micro de France Inter. V pour Visage
: « c’est une paralysie du visage, ce qu’on appelle la paralysie
faciale », explique Gérald Kierzek. I pour Incapacité à bouger un
membre : « Ça peut être tout simplement un engourdissement »,
poursuit Gérald Kierzek. T pour Trouble de la parole : difficulté à
parler ou confusion, « ou alors, prendre un mot pour un autre par
exemple », précise Gérald Kierzek. E pour Extrême urgence : « C’est
là où il faut appeler le 15 et n’absolument pas trainer », conclut
Gérald Kierzek.

Ce mémo VITE est le réflexe clé en France. À
l’international, on parle aussi de FAST (Face,
Arm, Speech, Time) avec la même idée : observer le visage, tester
les bras, écouter la parole, et regarder l’heure d’apparition pour
décider d’agir. Les mêmes signes peuvent disparaître vite lors d’un
AIT (souvent en moins d’une heure), mais l’urgence
est identique : appelez immédiatement le 15 ou le
112. Pour les personnes sourdes, malentendantes,
aphasiques ou dysphasiques, le 114 est accessible
par SMS, tchat ou visio.

prise en charge hôpital
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Comment
expliquer cette disparité alors ? Les chercheurs expliquent ces
taux par la « qualité et la rapidité de la prise en charge ». Entre
2014 et 2017, seulement 52% des personnes présentant un AVC
ischémique ( un caillot qui bouche la circulation cérébrale ) ont
été admises en unités neurovasculaires, soit la bonne unité dans
ces cas-là.

Que faire dès le premier signe d’AVC
(et pourquoi chaque minute compte)

Dès l’apparition d’un signe, la conduite à tenir est claire.
Idéalement, l’intervention médicale débute dans les trois heures
qui suivent, et certains traitements comme la
thrombolyse sont possibles jusqu’à 4 h
30
après le début des symptômes.

  • Composer le 15 ou le 112 tout
    de suite, ou le 114 si besoin.
  • Noter précisément l’heure de début des signes.
  • Installer la personne assise ou allongée, la placer en position
    latérale de sécurité si elle est somnolente ou confuse.
  • Rester auprès d’elle, parler calmement et rassembler ses
    ordonnances.
  • Ne rien donner à boire ni à manger, n’administrer aucun
    médicament.

Aux urgences, l’équipe réalise rapidement un
IRM quand c’est possible, des examens sanguins et
un électrocardiogramme. Le neurologue peut décider d’une
thrombolyse pour dissoudre un caillot, et, selon
les cas, une équipe spécialisée peut aussi déboucher mécaniquement
une artère. C’est pour cela que l’appel doit partir imméditamment.
Et pour limiter le risque d’un nouvel épisode, la priorité reste le
contrôle de l’hypertension artérielle : « la lutte
contre l’hypertension, qui représente le facteur de risque
principal de l’AVC, devrait davantage constituer une priorité de la
politique de prévention », souligne la Cour des comptes.