Née en 1996, Allison Koc est diplômée d’un master en management international de la Rennes school of business (RSB). Elle a passé les premières années de sa vie professionnelle à mille lieues des ors du business international. À la tête de l’emblématique bar le « Saint-Mich » », elle a connu l’âge d’or de la rue de la Soif. Une époque où des centaines d’étudiants attirés par des prix modiques convergeaient vers les 14 troquets de la venelle médiévale. Aujourd’hui, il n’en reste que cinq. Le sixième -le sien- a baissé les rideaux fin septembre. Une fermeture qui rapproche un peu plus la rue mythique de son trépas. Pas de quoi déprimer Allison, qui a une autre passion : le placement de produits sur les réseaux sociaux. Un écho à son premier stage à Dubaï, fief des influenceurs, dans le domaine de la cosmétique.

Rennes School of Saint-Michel

Comment passe-t-on de la prestigieuse Rennes school of business (RSB) à un zinc de la rue de la Soif ? « J’étais à Dubaï pour un stage en cosmétique. Je suis revenue en France avec l’idée de rester quelques mois. Je me suis dit pourquoi pas rester et gérer le bar tenu par mes parents depuis 2004 pendant quelque temps. J’étais déjà associée avec mon frère et ma sœur depuis 2018. » Le projet est éloigné de ses ambitions initiales : devenir chef de projet marketing dans le domaine de la cosmétique. Mais elle s’est prise au jeu. « Il n’y avait pas que le bar qui m’intéressait, le côté business aussi, comme travailler avec mes fournisseurs. »

« Ma rue de la Soif »

« J’ai grandi rue de la Soif. Quand mes parents ont repris le Saint-Michel en 2004, j’avais 8 ans. » Pas l’âge de faire la fête. Mais de quoi se forger ses premiers souvenirs, avant de faire du Saint-Mich’le théâtre de ses années étudiantes. « Je l’ai connue avec 13 ou 14 bars. Puis l’ambiance a commencé à se dégrader. » Le bâti aussi. Les bars, comme le sien, sont rachetés un à un par l’aménageur Territoires publics pour être réhabilités et sécurisés. La Ville a proposé de reprendre l’activité à l’issue des travaux. Allison a préféré une compensation financière. Tout en gardant sa licence 4 pour, peut-être, ouvrir un autre bar ailleurs.

Renvoi par mail

« Quand j’étais petite, il y avait au moins 14 bars dans la rue. Aujourd’hui, il en reste moins de la moitié. » La faute à quoi ? L’insécurité, déplore Allison. Mais aussi à la gentrification. « Rennes a évolué. Il y a plus de restos avec des concepts, des bistros… La LGV, ça a changé la ville. » L’exemple le plus frappant : le mail François-Mitterrand avec ses tapas et ses vins naturels. Est-il la nouvelle rue de la Soif ? « C’est ce que tout le monde dit, pourtant il ne la remplacera jamais. Je vois plutôt le mail comme une continuité. Ceux qui venaient rue de la Soif étudiants sont aujourd’hui des jeunes actifs qui vont au mail. »

Rennes touch à Dubaï

Petite expérience à faire dans n’importe quelle ville de France : demandez à un étudiant l’image qui lui vient quand on évoque Rennes. Mis à part le Stade Rennais et, pour les plus érudits, le parlement de Bretagne, il y a de fortes chances qu’il mentionne la rue de la Soif. Visiblement, à Dubaï, c’est pareil. « Quand je parlais de mon bar à mes amis à Dubaï, ils me disaient qu’ils passeraient par le Saint-Michel lors de leur prochain séjour en France. Je leur répondais qu’ils seraient surpris. Ils ne savaient pas à quel point la rue avait changé. » Bien loin du bling bling de la cité émiratie.

Réseaux et influences

Un exil de 6 mois à Dubaï. Un compte Instagram à 10 000 followers. Du placement de produits pour L’Oréal, Yves Saint-Laurent… Allison serait-elle influenceuse ? Oui mais pas n’importe comment. « Je n’accepte pas de faire du placement pour n’importe qui. » Et ça rapporte combien ? Pas de quoi en vivre. Elle estime néanmoins qu’une story de 20 secondes sur Tik Tok peut rapporter « jusqu’à 200 € ». Voit-elle son avenir dans le monde de l’influence ? « Je vais continuer jusqu’à ce qu’on me dise que ce n’est plus possible. » Elle n’envisage toutefois pas d’en faire son métier principal. « Soit j’ouvre un nouveau commerce sur Rennes, soit je retourne dans un domaine plus lié à mes études. »