Il était détenu au Venezuela depuis le 26 juin. Camilo Castro est désormais libre et devrait retrouver sa famille ce dimanche 16 novembre en France. «On part à Blagnac [l’aéroport de Toulouse, ndlr] prendre l’avion pour l’accueillir à Paris, sa sœur nous rejoint, a écrit sa mère à Libération. Impossible de décrire ce que nous ressentons. Camilo est libre, libre, libre.»

Professeur de yoga, le quadragénaire attiré par l’Amérique latine a vécu au Mexique, au Pérou, et surtout en Colombie, à Palomino, avant d’acheter un bout de terrain à Marquetalia, dans la cordillère des Andes, en 2020, pour s’y installer. Il rêvait de construire sa maison en bois et de vivre selon les traditions du peuple indigène Kogi. Son père était un réfugié chilien qui avait fui la dictature de Pinochet, aujourd’hui décédé.

Son beau-père, Yves Guibert, l’a eu au téléphone après sa libération, quand il était à l’ambassade de France à Caracas : Camilo Castro «était extrêmement heureux d’être sorti, un peu surexcité et en même temps encore dans une forme d’inquiétude tant qu’il n’avait pas quitté le territoire du Venezuela». Ceci dit, «on ne sort pas de prison le jour où on est libéré, a ajouté Yves Guibert. Il y a tout un temps de réadaptation au monde, il y a tout un temps pour reprendre contact avec la vie normale. Et ça va être notre tâche, maintenant.»

En tout début de matinée, Emmanuel Macron avait annoncé sa libération par un message posté sur le réseau social X. «Je partage le soulagement de ses proches et remercie tous ceux qui ont œuvré à sa libération, ajoutait le chef de l’Etat. La France avance parfois sans bruit, mais toujours avec détermination et sang-froid : c’est ainsi que nous protégeons les nôtres.» «C’est l’honneur de notre diplomatie que d’avoir obtenu sa sortie de prison. Remerciements aux partenaires qui ont appuyé nos efforts», avait abondé Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, qui était récemment, comme Emmanuel Macron, en tournée au Mexique et au Brésil.

Il n’y a eu «aucune contrepartie» pour sa libération, a assuré le chef de la diplomatie française sur France Inter et France Info, ajoutant que Camilo Castro avait fait les frais «d’accusations sans fondements». «Je salue le geste des autorités vénézuéliennes. Je remercie tout particulièrement mes homologues brésiliens et mexicains qui ont passé un certain nombre de messages en lien étroit avec moi», a-t-il ajouté.

Camilo Castro avait été arrêté le 26 juin par la police migratoire vénézuélienne de Paraguachón, au poste-frontière entre la Colombie et le Venezuela, avant d’être transféré à Caracas. Sans procès ni le droit de consulter un avocat, il a été accusé de «terrorisme» et a été détenu à la prison d’El Rodeo I, dans une section dédiée aux étrangers.

Il était entré au Venezuela pour faire tamponner son passeport afin de prolonger son autorisation de séjour en Colombie, où il vivait depuis des années. Il avait fait cette manœuvre en 2022, à un autre endroit, sans aucun souci. Mais depuis l’été 2024 et la réélection contestée de Nicolás Maduro à la tête du pays, le gouvernement vénézuélien arrête, souvent sans raison, des étrangers qui ont l’outrecuidance de passer légalement sa frontière, afin d’en faire une monnaie d’échange et un outil de pression sur les pays qui refusent de reconnaître sa légitimité douteuse.

Camilo Castro était le quatrième ressortissant français à avoir été arrêté au cours des derniers mois. L’un d’entre eux, Lucas Hunter, franco-américain, a été libéré depuis lors d’un spectaculaire échange de prisonniers contre des migrants vénézuéliens, expulsés des Etats-Unis et retenus au Salvador, le 18 juillet. Sa famille était sans nouvelles de lui depuis le 7 janvier, date à laquelle il avait disparu exactement au même endroit que Camilo Castro, alors qu’il était en vacances en Colombie.

Un autre Français aurait été libéré dans une négociation directe entre l’ambassade de France et le Venezuela. Selon l’ONG vénézuélienne Foro Penal, qui s’occupe du suivi des prisonniers politiques au Venezuela, près d’une centaine de ressortissants étrangers seraient actuellement retenus dans le pays. De ces prisonniers, on ne sait pas grand-chose. Le Venezuela n’en parle jamais officiellement. Nicolás Maduro ou son ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello, évoquent de temps à autre des arrestations de «mercenaires» étrangers qui se seraient infiltrés sur le sol vénézuélien pour renverser le pouvoir ou assassiner le Président.

Mise à jour à 15 h 48 avec les témoignages de membres de la famille de Camilo Castro.