DANYLO ANTONIUK / NurPhoto via AFP
Un train à grande vitesse Intercity+, gravement endommagé par une attaque de missile russe à Kiev, en Ukraine, le 28 août 2025.
EN BREF • La Russie intensifie ses frappes ciblées sur le réseau ferroviaire ukrainien.
• Les attaques ont même été multiplié par trois les attaques entre août et octobre pour perturber la logistique et les déplacements en Ukraine.
• Les infrastructures énergétiques ukrainiennes subissent aussi des attaques, causant des coupures d’électricité massives.
INTERNATIONAL – Des attaques très ciblées. Après trois ans de guerre, la Russie intensifie sa stratégie pour tenter de faire plier l’Ukraine. Cette année, les autorités ukrainiennes ont fait état de près de 800 attaques russes rien que sur le réseau ferroviaire du pays. Et ces frappes sont de plus en plus fréquentes ces derniers mois : entre août et octobre, leur nombre a été multiplié par trois.
« Ce qui caractérise cette escalade, c’est que les trains sont désormais ciblés et que les auteurs cherchent notamment à tuer les conducteurs », a déclaré Oleksiy Kuleba, vice-Premier ministre chargé des infrastructures, rapporte samedi 15 novembre The Guardian.
La gare de Lozova, dans la région de Kharkiv, illustre les effets concrets de ces attaques. Début août, une frappe de drone russe a endommagé une partie de son bâtiment principal et de ses quais. « Il était clair qu’ils visaient la station. Ils voulaient le faire. Et ils l’ont fait », a déclaré la cheffe de la gare, Tetyana Tkachenko, au Guardian.
Selon elle, « la menace est vraiment importante ces temps-ci ». « Les Russes frappent directement les lieux de rassemblement et cherchent à endommager les voies ferrées et les locomotives. Ils veulent détruire les lignes à haute tension », alerte-t-elle. Malgré cette attaque, la gare de Lozova continue de fonctionner. Située à un carrefour ferroviaire stratégique, elle relie plusieurs villes majeures de l’est et du centre de l’Ukraine.
Trafic aérien interrompu
Depuis le début de l’invasion russe, aucun aéroport civil n’est en service en Ukraine. Le train est donc absolument essentiel pour se déplacer, et transporter les marchandises, d’où l’intérêt stratégique pour la Russie de frapper ces infrastructures.
« Ce n’est pas seulement le nombre d’attaques qui compte, mais aussi la méthode employée par les forces ennemies », estime Oleksandr Pertsovskyi, directeur de la compagnie ferroviaire nationale ukrainienne Ukrzaliznytsia. « Désormais, grâce à leurs drones Shahed de haute précision, les Russes ciblent des locomotives individuellement », explique-t-il.
Début octobre, deux drones russes ont visé des trains dans la région de Sumy, au nord du pays. L’attaque a fait un mort et une trentaine de blessés. Le président Zelensky avait alors dénoncé une « tactique brutale ». « Ils font tout pour rendre les zones frontalières et de première ligne inhabitable, afin que les gens aient peur d’y aller, peur de prendre le train », avait-il déploré.
Les sites énergétiques également durement touchés
En parallèle de ces attaques sur le réseau ferroviaire, la Russie multiplie les attaques sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine. Depuis l’invasion en 2022, la Russie développe cette stratégie à l’arrivée de chaque hiver, provoquant par moments de vastes coupures d’électricité et plongeant des millions de personnes dans le noir et le froid par des températures glaciales.
En octobre, Moscou a mené la plus grande campagne de bombardements contre les sites gaziers ukrainiens depuis le début de l’invasion en 2022, interrompant 60 % de la production, principale source de combustible pour le chauffage. En raison de ces attaques, l’Ukraine va importer du gaz depuis la Grèce pour pallier ses besoins.
Face à ces attaques, les Ukrainiens ripostent par des frappes de longue portée, le plus souvent avec des drones. Ces derniers mois, ils ciblent également les infrastructures énergétiques russes avec l’objectif de perturber les exportations de pétrole et de réduire le financement de l’effort de guerre de la Russie.