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L’Allemagne et la Turquie sont engagées dans un conflit de plusieurs mois au sujet du döner kebab, avec la Commission européenne au milieu.

Jeudi, le ministre de l’Agriculture Cem Özdemir s’est entretenu avec l’association des producteurs de kebabs d’Allemagne afin de prendre position contre une demande d’Ankara.

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« Dans l’intérêt des nombreux fans en Allemagne, le kebab doit rester tel qu’il est volontiers consommé ici », a déclaré le ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL) sur la plateforme de médias sociaux X. « Nous soutenons l’économie allemande contre cette demande », a-t-il ajouté.

L’association s’était opposée à une demande turque adressée à la Commission européenne, qui visait à accorder au kebab le même statut spécial que, par exemple, la pizza napolitaine ou le jamón serrano espagnol.

La Commission européenne a donné à Berlin et à Ankara jusqu’au printemps pour régler leur différend sur la question de savoir qui peut décider de ce qui fait qu’un kebab est un kebab. Les deux parties s’accordent sur le fait que le plat est composé de viande cuite lentement sur un tournebroche au-dessus d’un barbecue.

Mais il y a des divergences sur la viande et la méthode de fabrication.

À Ankara, on insiste sur le fait qu’un vrai kebab ne peut être fabriqué qu’avec de la viande de poulet, d’agneau ou de bœuf provenant d’une vache âgée d’au moins 18 mois. La viande est marinée dans du yaourt et des herbes. La variante turque est également servie dans une assiette avec des frites et des poivrons.

Le kebab vendu au coin des rues allemandes est généralement composé de viande de veau, emballée dans un pain pita et agrémentée d’une touche teutonne : une garniture d’herbes crues.

Demande de la Turquie : le kebab comme « spécialité traditionnelle garantie ».

En avril 2024, Ankara a demandé l’enregistrement de la version turque du kebab en tant que « spécialité traditionnelle garantie » (STG), afin de bénéficier dans l’UE de la même protection que le champagne de France, la pizza napolitaine d’Italie ou le jambon Serrano d’Espagne.

L’Allemagne a fait opposition en juillet suivant. Le ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture veut s’opposer à la démarche de la Turquie, en collaboration avec l’association des producteurs de kebabs allemands.

« Le kebab fait partie de l’Allemagne. Chacun devrait pouvoir décider lui-même de la manière dont il est préparé et mangé ici », a souligné Cem Özdemir, ministre fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture, lui-même d’origine turque.

« Nous n’avons pas besoin de directives d’Ankara », a écrit Özdemir dans un post sur les médias sociaux, où il posait devant un panneau portant l’inscription « Döner macht schöner » (le kebab rend plus beau).

D’où vient le kebab à l’origine ?

Les origines du kebab allemand sont controversées. Aussi bien Berlin que la petite ville méridionale de Reutlingen revendiquent être le lieu de naissance de ce copieux plat de viande.

Il est toutefois clair que ce repas a été préparé par un entrepreneur parmi des millions d’immigrés turcs, qui est probablement arrivé en Allemagne dans les années 1960 en tant que travailleur immigré.

Depuis, près de 20.000 magasins de kebabs ont vu le jour dans tout le pays, dont environ 1.800 rien qu’à Berlin. Environ 400 tonnes de kebabs sont produites chaque jour. Le secteur emploie 60.000 personnes.

PUBLICITÉQue se passe-t-il si la Turquie obtient gain de cause ?

L’étiquetage de l’UE vise à protéger des produits particuliers et à mettre en avant leurs caractéristiques uniques, telles que la méthode de production ou la composition traditionnelles ainsi que l’utilisation de matières premières traditionnelles.

L’utilisation de l’étiquetage STG est régie par le règlement et le règlement délégué de l’UE. Bien que la Turquie soit candidate à l’adhésion et non membre de l’Union européenne, elle a également le droit de présenter une telle demande.

Si Ankara pouvait effectivement demander ce statut à Bruxelles, cela signifierait pour les magasins de kebabs allemands qu’ils devraient soit changer le nom du plat, soit le préparer selon les normes turques afin d’obtenir l’étiquetage.

L’association des producteurs de kebabs allemands a déclaré au Telegraph que le kebab « a connu un développement important en Allemagne au fil des décennies » et que les règles turques « rigides » entraveraient les innovations futures sur le marché du kebab.

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Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne