La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire caractérisée par une inflammation chronique des bronches pulmonaires. Elle se traduit par un épaississement de la paroi des voies aériennes associée à une hypersécrétion de mucus.
Des symptômes sous-estimés et un diagnostic tardif
Les personnes touchées voient leurs voies pulmonaires progressivement se rétrécir puis finir par s’obstruer avec, pour conséquences, des difficultés croissantes à respirer et de multiples conséquences pour la santé, notamment des comorbidités qui peuvent affecter différents organes et fonctions : métaboliques, musculaires, cardiaques, gastro-intestinales, psychiques (anxiété, dépression)…
Les symptômes (toux chronique, expectorations, essoufflement) sont souvent sous-estimés par les personnes concernées. Ils apparaissent progressivement et s’aggravent avec le temps.
Si aujourd’hui on ne guérit pas de la BPCO, une prise en charge précoce peut ralentir son évolution et atténuer – parfois complètement – les symptômes. Malheureusement, la BPCO est encore une maladie sous-diagnostiquée, même à des stades sévères. Elle reste même rarement mentionnée comme cause de décès dans les comptes rendus médicaux.
Des chercheurs ont voulu savoir dans quelle mesure l’état de la fonction pulmonaire mesurée chez des fumeurs ne souffrant pas de BPCO pouvait prévoir la survenue, quelques années plus tard, d’une obstruction pulmonaire et d’une dégradation de l’état de santé.
Le saviez-vous ?
La bronchite pulmonaire chronique obstructive reste globalement peu connue du grand public. C’est pourtant un problème majeur de santé publique :
- 5 à 10 % des personnes de plus de 45 ans souffrent de BPCO ;
- plus de 18 000 décès sont liés à la BPCO chaque année ;
- 80 % des cas sont dus au tabac (tabagisme actif et passif) et 15 % aux expositions professionnelles ;
- en moyenne, un patient atteint de BPCO présente cinq comorbidités ;
- selon l’OMS, la BPCO pourrait devenir la troisième cause de mortalité dans le monde en 2030.
La spirométrie, un examen crucial
Ils ont utilisé les données de la Lovelace Smokers’ Cohort, composée de 830 fumeurs actuels et anciens fumeurs âgés de 40 à 60 ans qui ne présentaient aucune obstruction des voies respiratoires au début de l’étude. Tous résidaient dans la région d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique, et fumaient au moins 10 paquets par an.
Les chercheurs se sont intéressés à l’état de leur fonction pulmonaire. Celle-ci a été évaluée par « spirométrie », une technique qui permet de mesurer les volumes et les débits d’air expirés grâce à un spiromètre :
- la mesure simple consiste à expirer lentement, mais à fond dans l’appareil de mesure. En fin de test, les poumons doivent être totalement vidés. On parle de capacité vitale (CV) ;
- la mesure forcée consiste à inspirer profondément pour remplir ses poumons au maximum, puis à expirer le plus violemment possible dans l’appareil. On parle de capacité vitale forcée (CVF).
Les valeurs de CV et de CVF permettent d’identifier les personnes qui souffrent d’obstruction des voies respiratoires et de BPCO. Malheureusement, ce test est rarement pratiqué chez les personnes plus jeunes, quand les symptômes ne sont pas visibles.

Même sans signe de BPCO, passer un test respiratoire quand on est fumeur permet de prévenir la dégradation de la santé respiratoire. © RFBSIP, Adobe Stock
L’étude qui change la donne
Les chercheurs ont réparti les volontaires en deux groupes en fonction de l’état de leur fonction pulmonaire : bonne ou mauvaise. Ils ont ensuite tenté de savoir dans quelle mesure celle-ci était liée au risque de maladie et de mortalité 17 années plus tard.
Publiés dans le Journal of COPD, les résultats montrent que les personnes qui avaient une mauvaise fonction pulmonaire à un âge moyen avaient nettement plus de risques d’avoir non seulement une maladie respiratoire (BPCO, respiration sifflante), mais également une maladie cardiovasculaire, un diabète et un état de santé moins bon à un âge avancé.
Agir tôt pour mieux protéger
Pour les chercheurs, cette étude prouve que la spirométrie devrait être utilisée pour identifier précocement les personnes à risque de BPCO. En mettant en place plus tôt des interventions préventives (programme d’arrêt du tabac, exercice physique…), il serait ainsi possible d’améliorer de manière très efficace la santé à long terme. À méditer.