Le parti socialiste grenoblois a annoncé, vendredi 14 novembre, son ralliement à la liste d’union de la gauche écologiste et citoyenne menée par Laurence Ruffin, héritière désignée de l’écologiste Eric Piolle qui ne se représente pas après deux mandats à la tête de la cité alpine. «C’est un moment historique pour Grenoble», assurent d’une même voix Laurence Ruffin – qui est également la sœur du député de la Somme François Ruffin – et Amandine Germain, cheffe de file des socialistes grenoblois.

C’est de fait un vent nouveau pour la gauche grenobloise. Les socialistes étaient restés campés dans l’opposition, parfois virulente, durant les deux mandats d’Eric Piolle. Ce dernier avait été élu en 2014, puis en 2020 à la tête d’une union des Ecologistes, de La France insoumise, du Parti communiste et de mouvements citoyens face à des candidats socialistes qui s’étaient maintenus au second tour, Jérôme Safar puis Olivier Noblecourt.

L’union des écologistes et des socialistes dès le premier tour de l’élection municipale grenobloise n’avait été réalisée qu’une seule fois, par Hubert Dubedout en 1983, et il faut remonter à 2001 pour retrouver une campagne commune au second tour, pour permettre la réélection du socialiste Michel Destot. La brouille s’était ensuite nouée durant ce second mandat de Destot et les écologistes avaient passé son troisième et dernier mandat (2008-2014) dans l’opposition.

Amandine Germain, conseillère départementale de l’Isère et ancienne conseillère de Destot, le concède : «Il a fallu beaucoup de réunions et de discussion internes, une telle union n’était pas naturelle il y a quelques mois encore.» Laurence Ruffin témoigne d’un long «cheminement», dans un «état d’esprit volontaire, constructif et bienveillant», qui a permis d’aboutir à la «fabrication d’un projet commun». Germain le souligne : «Il a fallu dépasser nos divergences passées, et peu à peu, au fil des réunions, nos convergences naturelles se sont affirmées.»

Les deux femmes, avec des sourires complices, convergent sur la définition de leur union : «Justice sociale, climatique, fiscale» sur le fond ; «changement de la manière de travailler avec les citoyens, les associations, les agents» sur la méthode, autour du concept de «coopération» au centre du projet de Laurence Ruffin, ex-dirigeante d’une Scop. «Cette union est une construction collective, pas un simple accord électoral», insiste Marie Coiffard, secrétaire des écologistes grenoblois. Amandine Germain l’assure : «Nous démarrons cette campagne commune avec beaucoup d’envie et d’enthousiasme.» Saluant «le parcours et les qualités» de Laurence Ruffin, elle lui accorde sa «confiance» : «C’est quelqu’un de solide qui saura diriger, gérer et tenir une équipe.»

Si Ruffin compte désormais sur le soutien de neuf partis et mouvements (Les Ecologistes, PS, PCF, L’Après, l’Ades, Ensemble, Génération⋅s, Réseau citoyen de Grenoble et Parti animaliste), elle est cependant loin du grand chelem à gauche. Place publique, Equinoxe et PRG ont leur propre candidat, Romain Gentil, tout comme La France insoumise qui fait cavalier seul derrière Allan Brunon. Cette sortie des insoumis de l’axe vert-rouge-citoyen créé par Eric Piolle, dont ils avaient été un pilier, a bien entendu grandement facilité le ralliement des socialistes à Laurence Ruffin.