Les partis de la coalition au pouvoir en Allemagne ont dit jeudi s’être entendus, après des mois de tergiversations, sur un service militaire basé sur le volontariat, afin de renforcer une armée en manque de recrues.

Lors de ces longues négociations, il a été question un temps de réintroduire une forme de conscription obligatoire pour les hommes et par tirage au sort. Finalement, l’alliance de conservateurs et sociaux-démocrates s’est entendue dans la nuit sur une version non-coercitive.

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D’après le nouveau texte, qui doit encore être présenté au Parlement, tous les hommes de 18 ans devront passer un examen médical et remplir un questionnaire sur leur disponibilité et leur volonté de servir dans l’armée.

Cette mesure doit permettre d’augmenter le nombre de volontaires, alors que le chancelier Friedrich Merz a pour ambition de bâtir l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe, pour contrer la menace russe et compenser le désengagement américain.

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Retour de la conscription?

Le projet de loi exclut un recours au tirage au sort pour enrôler des Allemands si le nombre de volontaires ne suffisait pas. Mais l’idée d’une forme de service militaire obligatoire, portée par les conservateurs, peut encore revenir sur la table, selon Jens Spahn, chef du groupe parlementaire CDU/CSU. « Si le service volontaire ne suffit finalement pas, alors le service obligatoire sera aussi nécessaire », juge l’élu. Mais un nouveau texte de loi devra alors être adopté.

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Matthias Miersch, chef du groupe parlementaire social-démocrate, a déclaré qu’il était « certain » que la Bundeswehr trouverait suffisamment de recrues. Reste qu’après des décennies de désengagement, de nombreux experts en sont convaincus: l’Allemagne n’échappera pas au retour de la conscription si elle veut respecter ses engagements auprès de l’Otan.

Les objectifs de l’Alliance prévoient que l’Allemagne porte ses effectifs militaires à 460’000 soldats, dont 260’000 militaires d’active et 200’000 réservistes. La Bundeswehr en est loin, avec respectivement 182’000 et 49’000 soldats dans chaque catégorie.

« Compte tenu de la situation militaire et de la menace, nous devons atteindre ces objectifs », estime l’historien militaire Sönke Neitzel dans le 19h30 de la RTS. « Or, je ne vois pas comment cela serait possible uniquement avec des recrues volontaires ».

Manifestations

Le chancelier Friedrich Merz a érigé en priorité nationale le renforcement de l’armée allemande, mal équipée et en sous-effectif depuis des décennies. Il a déjà considérablement augmenté les dépenses militaires du pays et encore augmenté l’aide militaire à l’Ukraine.

Mais l’éventualité d’un retour de la conscription inquiète de nombreux Allemands. A l’appel des organisations pacifistes, les manifestations contre le retour du service militaire en Allemagne se multiplient. « Je suis d’accord pour que les jeunes Allemands fassent un service civil dans les hôpitaux par exemple, mais pas qu’on les envoie à la guerre », déclare un de ces manifestants.

Des manifestants portant une banderole où est écrit "Contre le service militaire obligatoire. Halte aux préparatifs de guerre", le 8 novembre, à Munich. [NurPhoto via AFP - Michael Nguyen] Des manifestants portant une banderole où est écrit « Contre le service militaire obligatoire. Halte aux préparatifs de guerre », le 8 novembre, à Munich. [NurPhoto via AFP – Michael Nguyen]

Sujet TV: Anne Maillet

Adaptation web: edel avec afp