En quête d’une troisième étoile à la Coupe du monde 2026, le sélectionneur de l’équipe de France a des dossiers à (bien) gérer d’ici l’été prochain. État des lieux.

La gestion des corps fatigués 

C’est sans doute l’élément qui en dira beaucoup sur les capacités de la France à trôner sur la planète football le 19 juillet prochain. La question du calendrier à rallonge et de joueurs exténués n’est pas nouvelle, mais cette équation sera essentielle à résoudre si les Bleus désirent aller loin en Amérique. Entre les déplacements, les températures conséquentes et l’état physique des internationaux, le sélectionneur se sait face à un immense défi.

En 2024, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann n’avaient plus d’essence dans le moteur et cela s’est vu. Deschamps le savait depuis le début de la préparation au regard des datas, mais jamais il n’a pu, avec son staff, remettre sur pied ses deux meilleurs joueurs. Chaque détail comptera et l’absence du capitaine en Azerbaïdjan, tout comme en Islande en octobre, montre que « DD » ne veut prendre aucun risque. Fin mars, une tournée aux US se murmure, intercalée entre les 8es et quarts de finale de C1. Là aussi, ses choix et sa gestion seront importants en vue de l’été prochain.

Antoine Griezmann et Kylian Mbappé à l’Euro 2024
Anthony Dibon / Icon Sport

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Faire les bons choix dans sa liste 

Avec toujours plus de matchs et d’équipes, la Fifa propose aux sélectionneurs d’embarquer 26 éléments dans leur liste pour la Coupe du monde. Peu désireux d’avoir autant de joueurs sous ses ordres pendant des semaines – Deschamps répète souvent qu’il passe plus de temps à gérer les remplaçants que les titulaires – le sélectionneur, face aux défis des cadences et de la fraîcheur, devrait composer le billet de 26 internationaux mi-mai, date de l’annonce de sa liste. Si le noyau dur est déjà connu, sauf blessure ou méforme, il reste encore des choix à faire, notamment dans le domaine offensif.

En 2021, il avait tout chamboulé en rappelant Karim Benzema au dernier moment. Ce qui n’avait pas eu le résultat escompté (élimination en 8e de finale contre la Suisse, son pire résultat sur le banc des Bleus). Et si Paul Pogba cassait tout avec l’AS Monaco ? Le rappeler ou laisser vivre un groupe qui ne l’a plus vu depuis 2022. Comme à son habitude, le champion du monde 1998 profitera de ses observations des rassemblements de Clairefontaine depuis deux ans pour arbitrer ses ultimes décisions. Entre un élément plus fort amené à peu jouer et un autre, moins fort mais plus altruiste et facile à gérer dans la vie de groupe, il penchera pour le second. Il a toujours fonctionné comme cela. Jusqu’à maintenant, cette méthode a porté ses fruits, difficile de le contredire.

Le camp de base, son dada 

C’est un détail pour le grand public, mais pour Didier Deschamps cela veut dire beaucoup. Le choix du camp de base pour la Coupe du monde occupe l’esprit du sélectionneur depuis la qualification actée. Dès jeudi soir après la victoire contre l’Ukraine (4-0), dans les salons de l’hôtel parisien à côté du Parc des Princes, il n’a cessé d’en parler à son staff. Chaque détail compte. Et tout sera scruté (localisation, praticité, distance du terrain d’entraînement, confort, espace de vie commune, salle de soins, chambres, accueil des familles…). Une équipe de la FFF fera le déplacement dans les prochains jours pour observer des établissements déjà repérés.

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Après le tirage au sort du 5 décembre, le staff des Bleus prendra vite une décision. Premier arrivé, premier servi, même si la France, tête de série, a un avantage sur d’autres sélections. Que ce soit en 2022 à Doha au Qatar ou en 2018 à Istra, située à 1 heure de Moscou en Russie, « DD » a apprécié la qualité des installations, leur calme et leur praticité. Il veut la même chose en Amérique même si la participation de 48 nations change la donne sur certains points et notamment lors des matches à élimination directe avec l’obligation de figurer dans des hôtels prédéfinis par l’organisation. Le choix d’un camp de base ne vous fait pas gagner une grande compétition, mais il peut vous la faire perdre. Deschamps le sait mieux que personne.

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Intégrer du mieux possible le Ballon d’Or Dembélé

Avec seulement 35 minutes de jeu, en seconde période contre l’Ukraine en septembre dernier -ce qui avait provoqué une polémique avec le PSG– Ousmane Dembélé a traversé la campagne de qualification des Bleus tel un fantôme. Le Ballon d’Or 2025 n’a pas pesé dans le ticket validé pour l’Amérique. Forcément, le champion d’Europe parisien voudra montrer autre chose en 2026 et son entente avec Kylian Mbappé, si son corps le laisse tranquille, sera l’une des clés de la réussite de l’équipe de France. Comment faire jouer les deux hommes ? Le capitaine des Bleus a tenu son rang depuis la rentrée (5 buts en 4 matches) et sa place dans l’axe de l’attaque n’est plus un sujet.

Ousmane Dembélé et Didier Deschamps
Mis / Icon Sport

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Quid de Dembélé, utilisé dans un rôle de faux numéro 9 au Paris-SG ? L’incorporer dans un duo avec Mbappé dans le 4-2-3-1 mis en place depuis mars dernier ? Le faire glisser à droite alors qu’il a été le meilleur joueur de la Ligue des champions 2025 au poste d’attaquant axial ? En juin dernier contre l’Espagne (défaite 5-4), Dembélé a été utilisé à droite. En septembre quand il rentre en jeu, bis repetita. Si le Parisien retrouve ses sensations et son niveau de jeu du printemps, Deschamps devra trouver la bonne formule. Ici réside aussi l’une des clés de la réussite des Bleus au pays de Donald Trump.

L’ombre de Zidane et ne pas faire de son arrêt un problème 

En annonçant en janvier dernier sa décision d’arrêter l’équipe de France après la Coupe du monde 2026, Didier Deschamps a pris les devants. Maitre des horloges, il a déminé le terrain sur un sujet qu’il ne voulait pas encombrant pour ses joueurs. Depuis, le technicien de 57 ans apparaît plus léger et délesté d’un poids. Il sait où son aventure, lancée en juillet 2012 dans le costume de sélectionneur, s’arrêtera. « DD » espère dérouler le fil jusqu’au 19 juillet au MetLife Stadium pour glaner sa troisième étoile et entretenir encore un peu plus sa légende.

Depuis son annonce, un homme se tient prêt : Zinédine Zidane. S’ils ne sont pas les plus grands amis, malgré leur doublé en 1998-2000, les deux hommes se vouent un respect mutuel. Sauf cataclysme, « ZZ » prendra la suite au sortir du Mondial. Reste à savoir quand tout sera décidé. Avant la Coupe du monde ? Après ? Au sein de la FFF, personne ne veut obstruer le travail de Deschamps et de son staff. Philippe Diallo marche sur des œufs et assure qu’il sera prêt en temps voulu. D’autres avancent que le maître du temps reste l’actuel sélectionneur. Une chose est certaine, tous les acteurs n’ont qu’une idée en tête : que ce sujet n’altère en rien la vie de l’équipe de France. Charge aux principaux intéressés de le traiter avec professionnalisme et délicatesse.