Les négociations ont été marquées par une montée en tension, avec, en mars 2025, l’annonce par Donald Trump de droits de douane additionnels pouvant atteindre 25% sur les véhicules importés, en plus de droits déjà existants. La cause : une réaction à la politique tarifaire de l’UE, qui elle-même avait réagi à des taxes américaines plus strictes sur certains produits européens. Finalement, un compromis a été trouvé, avec un ajustement du taux de droits de douane sur les voitures européennes, passant de 27,5% à 15%, jugé « acceptable » par Bruxelles.?

Un accord stratégique aux enjeux majeurs

Signé fin juillet 2025, cet accord de “température contrôlée” vise à réduire drastiquement les barrières tarifaires. Bruxelles s’est engagée à supprimer ses droits de douane sur l’ensemble des produits manufacturés américains, et à ouvrir son marché à plusieurs filières, notamment agricoles et halieutiques. ?

Ce compromis ne concerne pas seulement les droits de douane. Il s’inscrit dans un contexte où le commerce automobile transatlantique représente une part stratégique et où chaque point de tarif ou de libre-échange pèse sur la compétitivité. En 2024, quelque 749 170 véhicules européens ont été exportés vers les USA, pour une valeur avoisinant les 39 milliards d’euros. La majorité de ces véhicules sont de marques allemandes comme Mercedes, BMW ou Audi, qui ont déjà subi de lourdes pressions tarifaires dans le contexte de cette crise commerciale. La réduction à 15% des droits de douane a d’ores et déjà allégé leur facture tarifaire de plusieurs milliards d’euros par an, mais aussi boosté la compétitivité des véhicules européens face à la concurrence chinoise et américaine.?

Un marché vital

Ce compromis pourrait aussi signaler une volonté des deux blocs de calmer la situation pour éviter une spirale de représailles qui pourrait coûter des dizaines de milliards d’euros au secteur. En effet, le commerce transatlantique de voitures reste vital : en 2024, l’Europe a exporté près de 4,5 millions de véhicules neufs, un chiffre impressionnant qui confirme que l’Amérique reste un marché de premier ordre pour l’industrie allemande et française.

En 2025, le groupe Stellantis, a vendu environ 322 000 véhicules en Amérique du Nord au deuxième trimestre, malgré une baisse de 25% des volumes par rapport à la même période en 2024. En termes de part de marché, la contribution française directe dans les importations automobiles aux États-Unis est relativement faible, autour de 0,1% en 2023 selon les chiffres Trade Map mentionnés en 2024, soulignant que la majorité des véhicules français vendus proviennent surtout des productions du groupe Stellantis sous diverses marques présentes en Amérique du Nord.?

Selon les dernières données publiées par l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA) et confirmées par des rapports du premier semestre 2025, environ 165 000 véhicules particuliers américains ont été importés en Europe, représentant une part de marché d’environ 3% sur le marché européen des voitures particulières, avec une valeur d’environ 7,7 milliards d’euros d’exportations américaines vers l’Europe.

Conséquences potentielles pour l’industrie

La réduction des taux à 15%, si elle est maintenue, pourrait leur permettre de sauvegarder plusieurs milliards d’euros par an, voire de relancer certains investissements en R&D ou en relocalisation.?

En revanche, cette évolution ne satisfait pas totalement tous les acteurs. Les syndicats européens craignent qu’un tarif de 15% n’envoie pas un signal favorable à une relance de la production locale ou à une transition écologique accélérée. L’industrie automobile européenne doit également faire face à la concurrence croissante de la Chine, qui tente d’asseoir sa domination sur certains segments, notamment électriques et hybrides.?

Perspectives et enjeux

L’accord, bien qu’important, reste fragile. Son succès dépendra de la capacité des gouvernements européens et américains à respecter leurs engagements, mais aussi de l’évolution du contexte géopolitique mondial, marqué par des tensions économiques croissantes. La question de la normalisation des normes industrielles, environnementales et de sécurité demeure également centrale, puisque Bruxelles espère continuer à faire évoluer ses standards sans être coiffée par des exigences américaines ou chinoises.

L’Union européenne s’apprête d’ailleurs à proposer aux États-Unis une deuxième phase de l’accord commercial signé cet été et vise cinq domaines : l’accès aux marchés, les droits de douane, les normes, le commerce numérique, les obstacles techniques… notamment une coopération accrue dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium qui impactent directement la production automobile. ?

Ces futures négociations plus approfondies, ouvriraient la voie à une harmonisation progressive des normes industrielles, ce qui pourrait être une étape clé pour relancer un marché mondial de l’automobile plus intégré, mais aussi plus résilient face aux tensions géopolitiques et commerciales.