RONEN ZVULUN / AFP
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer ce lundi 17 novembre sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d’une force internationale.
EN BREF • Le plan de paix pour Gaza porté par Donald Trump est mis au vote au Conseil de sécurité de l’ONU.
• Contrairement aux premières versions du texte, le projet évoque l’éventualité d’un État palestinien.
• En Israël, les autorités politiques répètent leur « opposition à un État palestinien. »
INTERNATIONAL – Une nouvelle version du texte qui n’est pas au goût de l’État hébreu. Un vote important est attendu ce lundi 17 novembre devant le Conseil de sécurité de l’ONU concernant le soutien (ou non) au plan de paix américain pour Gaza. Ce plan porté par Donald Trump a toutefois connu quelques modifications depuis sa première présentation qui devrait provoquer quelques remous.
Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, « endosse » le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre après l’attaque du 7-Octobre.
Ce plan prévoit notamment le déploiement d’une force internationale, sous la pression des États-Unis qui mettent en garde contre le risque d’une reprise de la guerre. Consulté par l’AFP, le texte « autorise » en effet la mise en place d’une « force de stabilisation internationale » (ISF) chargée notamment de l’appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l’Égypte. Mais aussi de la démilitarisation de Gaza, du désarmement « des groupes armés non étatiques », de la protection des civils, et de la formation d’une police palestinienne. Toutefois, la composition de cette force n’est pas évoquée à ce stade.
Il donne également mandat jusqu’au 31 décembre 2027 à un « Comité de la paix », organe de « gouvernance de transition » à Gaza jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne. Et selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump en personne.
Benjamin Netanyahu ulcéré
Mais le cœur du problème réside dans un autre point, que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté sans détour. Car contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote ce lundi soir (à 23 heures, heure française) évoque l’éventualité d’un État palestinien.
Après la réforme de l’Autorité palestinienne et l’avancée de la reconstruction de Gaza, « les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’État », dit ainsi le texte.
« Notre opposition à un État palestinien sur quelque territoire que ce soit n’a pas changé », a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu. « Gaza sera démobilisée et le Hamas désarmé, par tous les moyens. Je n’ai besoin ni de renforts, ni de tweets, ni de leçons de personne », a-t-il également assuré dans un message relayé sur X.
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Malgré son opposition, Israël n’est pas membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU ni membre non permanent comme le sont dix pays élus pour un mandat de deux ans. Tel-Aviv ne peut donc pas s’opposer directement à un vote favorable au plan de paix pour Gaza mentionnant la solution à deux États.
En septembre, l’Assemblée générale de l’ONU avait soutenu la « déclaration de New York » par 142 voix pour, 10 contre et 12 abstentions. Ce texte, préparé par la France et l’Arabie saoudite, affirmait que « dans le contexte de l’achèvement de la guerre à Gaza, le Hamas doit cesser d’exercer son autorité sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l’Autorité palestinienne, avec le soutien et la collaboration de la communauté internationale, conformément à l’objectif d’un État de Palestine souverain et indépendant ». Israël, qui avait voté contre, avait alors dénoncé une résolution « honteuse » qui encourage le Hamas à la guerre.
Probable abstention russe
Concernant le vote de lundi soir, le texte américain devra toutefois faire face à un concurrent. Car la Russie a récemment fait circuler son propre texte, en estimant que la résolution américaine n’allait pas assez loin sur le sujet. Il faut dire que les États-Unis, allié étroit d’Israël, restent eux aussi opposés à l’idée. La Russie affirme quant à elle un « engagement indéfectible » en faveur de cette solution à deux États.
Mais là où ça coince pour le texte russe, également consulté par l’AFP, c’est qu’il n’autorise ni la création d’un Comité de la paix ni le déploiement d’une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l’ONU de proposer des « options » en la matière. Face à ce qu’ils ont qualifié de « tentatives de semer la discorde », les États-Unis ont redoublé d’efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert. Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l’AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d’autres États membres, qui s’inquiètent d’un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l’ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.
« Il est plus probable que la Chine et la Russie s’abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les États-Unis se débattre pour le mettre en œuvre », commente pour l’AFP Richard Gowan, de l’International Crisis Group, doutant d’un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.