En 2026, le déficit public espagnol devrait diminuer pour la 5ème année consécutive, à 2,3%. Celui de l’Allemagne devrait se creuser à 3,1%.
C’est une situation qui aurait été inimaginable il y a encore dix ans. Le déficit public allemand devrait dépasser celui de l’Espagne l’an prochain. Une première depuis près de 20 ans.
D’après les estimations de la Banque d’Espagne, le décifit public espagnol devrait diminuer pour la cinquième année consécutive, pour atteindre 2,5% du PIB en 2025, puis 2,3% l’année prochaine. À l’inverse, le décifit allemand ne cesse de se creuser, et passera de 2,3% cette année à 3,1% en 2026, d’après le Conseil allemand des experts économiques. Pour rappel, en France, le déficit public flirterait « aux alentours de 5% du PIB » en 2026 à ce stade des débats budgétaires, selon Amélie de Montchalin.
Quinze années après le début de la crise des dettes souveraines de la zone euro, la situation a bien changé. Autrefois surnommés péjorativement « pays du Club Med » en raison de leurs difficultés financières (ou les PIIGS par les anglophones), l’Espagne, l’Italie, le Portugal voire même la Grèce affichent désormais une relative bonne santé économique et une trajectoire des comptes publics favorables. À l’inverse, les pilliers de la zone euro que sont la France ou l’Allemagne sont en prise avec une hausse de leur déficit public.
« Des trajectoires budgétaires divergentes »
« Ces trajectoires budgétaires divergentes illustrent à quel point la hiérarchie entre les pays de la zone euro a changé depuis la crise de l’euro », estime Karsten Junius, économiste en chef de la banque privée suisse J. Safra Sarasin, au Financial Times.
Pendant la crise de la zone euro, l’Espagne a affiché des déficits publics allant jusqu’à plus de 10% du PIB en 2012. Mais depuis quelques années, la situation est tout autre. Le pays bénéficie d’une dynamique exceptionelle, avec une croissance record de 3,5% en 2024 et qui devrait atteindre 2,6% en 2025.
Cette bonne santé de l’économie espagnole a contribué à la hausse des recettes et la réduction du déficit public.
« Le cycle d’investissement en Allemagne s’est essoufflé, tandis que l’investissement a stimulé le PIB espagnol », explique au Financial Times Melanie Debono, analyste au sein du cabinet de conseil Pantheon Macroeconomics.
L’Allemagne dépense pour sortir de la récession
Pillier de la zone euro et connue pour sa rigueure budgétaire, l’Allemagne suit pourtout la trajectoire inverse. Son décifit public se creuse et ses dépenses ont fortement augmenté ces dernières années, de près de 75% entre 2019 et 2026.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a fait de la relance de la première économie européenne une priorité, après deux années de récession et une quasi-stagnation attendue en 2025. Pour autant, on peut relativiser ce constat en rappelant que la dette publique espagnole, bien qu’en diminution, atteind toujours 100% du PIB, contre seulement 64% en Espagne.
En revanche, en France, le niveau de la dette publique est plus préoccupant puisqu’il atteind 114% du PIB. Et une trajectoire de réduction du déficit a beau avoir été présentée par le gouvernement, ce dernier ne dispose pas de majorité à l’Assemblée. La trajectoire des finances publiques dépendra donc de ce que voteront les parlementaires, qui examinent actuellement le Budget 2026.