À Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), plusieurs centaines de manifestants ont bloqué l’usine BASF ce lundi 17 novembre. Ils dénoncent la production de pesticides ainsi que les rejets de polluants dits « éternels » dans l’environnement.
Plusieurs centaines de manifestants ont bloqué ce lundi 17 novembre au matin l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime), pour dénoncer la production de pesticides et des rejets de polluants éternels dans l’environnement, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les manifestants affirmaient être environ 500 agriculteurs et citoyens. « Les premiers touchés, c’est les paysans, les paysannes et les salariés agricoles de ce système agrochimique », a déclaré Thomas Gibert de la Confédération paysanne, syndicat agricole co-organisateur du blocage.
« Industrie criminelle des pesticides »
Sur leur compte Facebook, le syndicat a diffusé des images de l’action: plusieurs personnes, vêtues de combinaisons blanches, brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « BASF the cancer company », « Halte au colonialisme chimique » ou encore « exportateur de poison ».
« Ce lieu incarne les dérives et l’impunité persistantes de l’industrie criminelle des pesticides (…) Pour faire cesser cette situation ici et ailleurs, nous avons bloqué avec nos tracteurs l’entrée du site BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et interrompu la production du site » peut-on lire dans le message publié sur le réseau social.
Ils étaient encadrés par un important dispositif policier.
« Des intrusions et des dégradations » selon BASF
Arrivés vers 7h45 lundi matin, au moins une quinzaine de militants ont réussi à s’introduire dans l’enceinte de l’usine après avoir percé le grillage, tandis que sept tracteurs et des amas de terre interdisaient le passage à six poids lourds bloqués devant l’entrée, selon l’AFP.
« Des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels ont été constatés », a dénoncé la direction de BASF France.
Avec l’intervention des forces de l’ordre, « l’action a été rapidement contenue (…) Les personnes impliquées ont été appréhendées », a affirmé le groupe, annonçant son intention de déposer plainte.
Ce n’est pas la première fois que le site de Saint-Aubin-lès-Elbeuf est pointé du doigt. En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site sur l’environnement. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.
Les PFAS, ces polluants éternels indétectables
L’usine « respecte les réglementations », assure BASF, affirmant qu’un plan a permis « une réduction de 85% des émissions de TFA » depuis janvier.
Un « problème majeur de santé publique »
Plusieurs organisation, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest (CSVPO), Cancer Colère, les Faucheurs volontaires et les Soulèvements de la Terre en lien avec la Confédération paysanne, ont décrit cette opération comme une « inspection des stocks afin de récupérer des preuves supplémentaires de la fabrication et du stockage de pesticides interdits, notamment à base de Fipronil, exportés ensuite au Brésil », dans un communiqué.
« Cette usine produit en immense majorité des pesticides interdits en Europe pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, c’est totalement illégitime », a affirmé Thomas Gibert, dénonçant la recherche de profits au détriment du bien commun et « l’indécence » d’entreprises qui, selon lui, « vont profiter aussi des accords de libre-échange comme le traité du Mercosur« .
Les PFAS et les pesticides posent un « problème majeur de santé publique », dénoncent les manifestants, citant notamment la multiplication de « cancers pédiatriques, maladies neurodégénératives et troubles hormonaux ».
Alexandre Simoes avec AFP