BBI, l’aéroport de la capitale allemande ne compte que 5 lignes intercontinentales dont une unique ligne sur l’Amérique du Nord vers Newark. Un exemple typique de la perte d’attractivité de l’Allemagne aérienne (Photo: Luc Citrinot)

Cee fut une lutte de plusieurs années mais qui a enfin porté ses fruits. Après avoir démontré depuis près d’une décennie que la hausse des taxes aériennes et des coûts d’exploitation mettait en danger le transport aérien allemand -et aussi la compétitivité du pays, le secteur aérien a finalement convaincu le gouvernement fédéral allemand.

Celui-ci a finalement arrêté une série de mesures destinées à stabiliser l’activité aérienne en Allemagne. Un geste urgent alors qu’on assiste depuis la fin du Covid à un véritable exode des compagnies aériennes et à des fermetures de lignes en cascade.

Selon l’Association des aéroports allemands ADV, l’Allemagne a perdu près de 200 lignes directes en dix ans. Une quarantaine de destinations sans escale ont ainsi disparu des radars. Dernières en date : la suspension de Stuttgart-Atlanta par Delta Air Lines ainsi que de Londres-Heathrow vers Cologne et Stuttgart et de Londres-City vers Francfort annoncées par British Airways pour le printemps 2026. On pourrait également évoquer la fin de Berlin-Singapour, Düsseldorf-Chicago ou Hambourg-New York…

Stopper l’hémorragie

La coalition du chancelier conservateur Merz, au pouvoir depuis avril, a ainsi présenté un vaste paquet d’allègement pour le secteur. Celui-ci prévoit notamment l’annulation de la dernière hausse de la taxe aérienne à partir du 1ᵉʳ juillet 2026, ainsi que plusieurs mesures destinées à réduire les frais publics et les charges réglementaires, considérées comme les plus élevées d’Europe.

Ralph Beisel, directeur général de l’ADV, l’association des aéroports allemands, estime qu’il s’agit du début d’un renversement de tendance. « Pour la première fois depuis des années, le cercle vicieux des hausses de taxes, de redevances et d’obligations réglementaires est brisé. Les coûts d’une présence allemande, aujourd’hui supérieurs à 4 milliards d’euros, seront enfin partiellement réduits », estime-t-il. Les aéroports espèrent ainsi que ces mesures ralentiront, voir stopperont l’exode des avions basés en Allemagne et l’abandon progressif de nombreuses liaisons.

Le budget fédéral 2026 prévoit environ 400 millions d’euros au total pour accompagner ces mesures. Pour les opérateurs, il s’agit d’un signal « important et attendu » afin de regagner en compétitivité face aux hubs européens.

Les principales mesures intègrent :

  • Flugsicherung (navigation aérienne) : première baisse tarifaire en 2026, réduction de plus de 10 % d’ici 2029, sans coût supplémentaire pour le budget fédéral.

  • Sécurité aérienne : baisse via des gains d’efficacité et des propositions des Länder.

  • TVA à l’importation : passage au modèle de compensation.

  • Power-to-Liquid (carburants synthétiques) : suppression de la norme nationale, application uniquement des standards européens.

  • Taxe aérienne : retour aux niveaux d’avant mai 2024 dès juillet 2026, pour une économie annuelle de 350 millions d’euros.

L’espoir renaît chez les acteurs aériens

Les plateformes veulent désormais croire en un « véritable changement de cap », annoncé publiquement par le chancelier Merz, qui a promis une stratégie nationale pour les aéroports et les compagnies aériennes.

Les aéroports affirment pour leur part leur engagement à croître, se verdir et renforcer la connectivité du pays, mais estiment que cela n’est possible qu’avec un cadre compétitif plus favorable. La baisse progressive des coûts publics au cours des prochaines années est, selon eux, essentielle.

De leur côté, les députés ont également confirmé la prise en charge par l’État des coûts de la navigation aérienne pour les petits aéroports à hauteur de 50 millions d’euros en 2026.  Contrairement aux grands aéroports internationaux, la navigation aérienne des petits et moyens aéroports n’est pas assurée par la Deutsche Flugsicherung (DFS) mais financée directement par les exploitants. Sans cette compensation fédérale, ces plateformes auraient dû assumer seules cette mission dévolue normalement à l’Etat. Avec la potentielle faillite des plus petits aéroports.

La nouvelle direction prise par l’Allemagne pour stimuler le transport aérien pourrait finalement faire des émules en France. Celle-ci deviendra le seul pays d’Europe de taille importante ayant les coûts aériens et la taxation la plus forte de l’UE…