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Julien Van Caeyseele

Publié le

26 avr. 2025 à 7h00

Alors que les places commencent à manquer au cimetière d’Avon, les élus veulent proposer une nouvelle offre d’inhumation… Lors du conseil municipal du mardi 8 avril, les élus d’Avon (Seine-et-Marne) ont validé le principe de création d’une forêt cinéraire, au bois des Carmes, qui s’appellera le Bois du souvenir. Ce site d’inhumation isolé permettrait d’accueillir les cendres de personnes décédées, après crémation, et de les inhumer au pied des arbres.

Les élus d’Avon ont acté les contours de la forêt cinéraire

« Il s’agit d’une pratique qui est plus développée en Allemagne, mais qui commence à voir le jour en France, détaille Anne-Sophie Guérin, conseillère municipale en charge de la Transition écologique, à l’origine de ce projet. C’est une manière de vivre le deuil différemment en proposant un lieu de recueillement dans la nature. »

Selon la mairie, la parcelle de 2 000 m2 identifiée au bois des Carmes, proche de la piste cyclable et donc facilement accessible, permettra une expérimentation du concept et de voir si les habitants montrent un intérêt pour ce nouveau mode d’inhumation.

« Ce bois du souvenir permettrait aussi de proposer des funérailles plus écologiques et cela nous paraissait pertinent puisque le cimetière d’Avon est déjà à l’étroit », poursuit-elle. Une quarantaine d’arbres ont été identifiés pour potentiellement accueillir ces urnes non-biodégradables.

« Les arbres seront numérotés avec des pavés en grès et une signalétique discrète permettra d’orienter les gens vers cet espace », poursuit Michel Dannequin, adjoint à la maire d’Avon. Côté tarifs, la municipalité a approuvé les tarifs de concession : 300 euros pour un emplacement sur 15 ans et 600 euros pour 30 ans.

Des urnes non-biodégradables pour contourner la difficulté ?

En 2022, une sénatrice du Bas-Rhin avait interrogé le gouvernement sur la législation des forêts cinéraires. À l’époque, la secrétaire d’État avait rappelé que ces projets « constituent des sites cinéraires dits isolés dont la création et la gestion reviennent aux communes. » Toutefois la secrétaire d’État avait évoqué une impossibilité de le mettre en œuvre, « car incompatible avec le droit funéraire en vigueur ». En effet, en l’état, il est interdit de faire payer pour la dispersion des cendres dans l’espace public. L’utilisation d’urnes non-biodégradables mais en matières naturelles à Avon, comme c’est le cas à Muttersholtz (Bas-Rhin) pourrait ainsi permettre de contourner la difficulté. À l’époque, le Gouvernement avait assuré être attentif à cette situation, « dans le respect du droit en vigueur et en veillant à la protection des intérêts des familles et de la dignité des défunts », voyant dans ces sites « une esthétique et un fonctionnement plus écologiques que les cimetières et les sites cinéraires traditionnels. »

« Beaucoup de citoyens plaident pour un retour à la nature, il y a aussi un aspect romantique de participer au cycle de la nature, estime Marie-Charlotte Nouhaud. Toutefois, en France, les urnes ne peuvent pas être biodégradables pour répondre au droit funéraire (les urnes doivent pouvoir être exhumées, ndlr). »

Des vérifications en cours à la préfecture de Seine-et-Marne

Dans les rangs de l’opposition, Yann Moreau a salué une idée « qui répond à une vraie demande, mais je regrette qu’il n’y ait pas d’étude environnementale pour voir le potentiel impact. » L’élu minoritaire a par ailleurs incité à la prudence : « Il faut faire attention aux aspects juridiques, car le sujet est très borné et il est nécessaire de prendre des précautions pour que ce projet voit le jour ».

Contacté, Thierry Mailles, le sous-préfet de Fontainebleau confirme : « Sur le papier c’est une jolie idée, mais qui demande des vérifications juridiques pour se conformer au droit funéraire, précise-t-il. Des dérogations ont déjà été accordées à la marge en France, mais il faut voir si le site d’Avon le permet également puisque la zone est par ailleurs classée en zone Natura 2000. »

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