Une bataille après l’autre de Paul Thomas Anderson a passé un cap important au box-office mondial. Assez pour le sauver du flop ?

Depuis la sortie du Covid, Hollywood est loin d’avoir retrouvé ses chiffres d’antan. Des blockbusters aux films indépendants, personne n’est exclu par une méchante contre-performance, au point où une triste nouvelle moyenne semble s’être imposée. Dans ce contexte, les « blockbusters d’auteurs » sont scrutés avec encore plus d’espoir ou de circonspection.

Warner en sait quelque chose, puisque le studio a enchaîné les bides massifs dans le domaine (Furiosa, Joker 2, Mickey 17) avant de se relever avec le succès inattendu de Sinners. Une bataille après l’autre de Paul Thomas Anderson était néanmoins perçu comme un vrai pari. Avec son budget estimé à 130 millions de dollars (voire une fourchette allant jusqu’à 175 millions selon Variety), le réalisateur de There Will Be Blood n’avait jamais obtenu une telle somme, et il semblait improbable qu’il la rembourse. Pourtant, la situation actuelle en viendrait presque à considérer le long-métrage porté par Leonardo DiCaprio et Sean Penn comme un (petit) succès.

Un box-office après l’autre

En effet, lors du week-end du 14 novembre, Une bataille après l’autre a passé le pallier symbolique des 200 millions de dollars de recettes mondiales. Il n’est que le 17e film à atteindre un tel score en 2025, ce qui en fait un exploit d’autant plus important pour un film de presque trois heures, classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis) et non dérivé d’une franchise établie.

Au cœur d’un automne où la plupart des propositions auteurisantes se sont cassées les dents (Springsteen, Smashing Machine, A Big Bold Beautiful Journey, Roofman…), Paul Thomas Anderson a sauvé les meubles. Reste évidemment le problème de son énorme budget, qui rend sa rentabilité en salles impossible. Aux 130 millions supposés de sa production, il faut ajouter 70 millions de coûts marketing. Les estimations les plus clémentes disaient que le film devait rapporter 300 millions de dollars pour être rentable. Depuis, certaines sources évoquaient l’idée que le film fasse perdre à Warner 100 millions de dollars. Les comptes ont l’air bons.

Une bataille après l'autre leonardo dicaprio

Talonné par les comptables de Warner

Cela étant dit, Une bataille après l’autre est le genre de projet qui vise avant tout le prestige ; un prestige qui dépend autant des cérémonies de récompenses que d’une estime critique et publique. De ce point de vue là, c’est une réussite évidente, puisque le film est perçu comme l’un des meilleurs de l’année par une grande partie de la presse, et ses 200 millions de dollars dépendent en partie de sa tenue sur la durée, et de son bouche-à-oreille.

Si le long-métrage n’a récolté « que » 70 millions de dollars en Amérique du Nord, ses 130 millions de dollars à l’international (soit 65% de ses recettes) tendent à confirmer ce succès au long cours, particulièrement en Europe. En France, par exemple, le film a totalisé près de 1397730 d’entrées à la fin de la semaine du 12 novembre. Actuellement 18e au classement hexagonal de 2025, il devrait aisément rattraper Les Bad Guys 2 et d’Un ours dans le Jura (1,473 million chacun). À titre de comparaison, Captain America 4, Superman et Les 4 Fantastiques n’ont amassé en France que 1,5 et 1,6 million d’entrées.

Le cas d’Une bataille après l’autre reflète bien la complexité d’analyse d’un box-office déficitaire quand il y a autant de variables à prendre en compte. Les prochains Oscars devraient en tout cas simplifier la chose si le film repart avec une pelletée de statuettes.