Un calcul strictement comptable ne reflète pas l’ensemble des bénéfices de l’appartenance à l’Union. Chaque État membre contribue au budget en fonction de sa richesse nationale, dans une logique de solidarité mais les retombées du marché unique et des politiques européennes sont très largement partagées. 

Le budget de l’UE n’est pas un jeu à somme nulle

L’incidence du budget de l’UE ne peut être mesurée uniquement au moyen d’une équation simpliste de ce qu’un État membre verse au budget de l’UE et de ce qu’il reçoit de celui-ci. Tout le monde gagne de l’adhésion à l’UE à faire partie du marché unique, à relever ensemble les défis de la migration et de la lutte contre le terrorisme et le changement climatique, ainsi qu’à améliorer les routes, à moderniser les services publics et à mettre en place des traitements médicaux de pointe. Le budget de l’UE réalise des investissements dans les États membres au profit de l’ensemble de l’Union et garantit également, entre autres, le cadre pour des échanges commerciaux efficaces grâce au bon fonctionnement du marché unique. 

Le budget de l’Union européenne, adopté par les États membres et le Parlement européen, finance des politiques communes comme l’agriculture, la cohésion, la recherche, les infrastructures et la transition écologique. Il repose sur un cadre financier pluriannuel (CFP) pour des périodes de 7 ans. En termes de dépenses, le montant alloué au CFP 2021-2027 s’élève à 1 211 milliards d’euros (en prix courants). Ce budget européen est financé principalement par des « ressources propres » : les droits de douane, une fraction de la TVA, une contribution liée aux déchets d’emballages plastiques non recyclés, complétés par une contribution variable de chaque État membre, fondée sur sa richesse nationale (sur la base de son revenu national brut – RNB). 

Le plan de relance : un budget supplémentaire au service des États membres et des citoyens

En 2020, l’Union européenne a reçu pour la première fois un mandat permettant d’emprunter de manière conjointe, dans des proportions jusque-là jamais atteintes. Ceci afin de permettre aux États Membres de rebondir après la pandémie de Covid. Au budget à long terme (CFP) de 1 211 milliards d’euros (2021-2027) s’est ajouté l’instrument exceptionnel NextGenerationEU – NGEU de 806,9 milliards

Dans le cadre de la Facilité pour la Relance et la Résilience (FRR) – le principal instrument de NGEU – la France bénéficie de 40,3 milliards d’euros, ce qui représente 40% du montant total alloué à son plan de relance national, « France Relance ». De fait, la France est le troisième pays bénéficiaire de la FRR, après l’Italie et l’Espagne, dont les économies ont été plus affectées par la crise du Covid. En mai 2025, la Commission européenne a versé à la France le quatrième et avant-dernier paiement de la FRR (3,3 milliards d’euros) : à ce jour, la France a bénéficié de 34,2 milliards d’euros, soit 85% des subventions auxquelles elle est éligible. Ces subventions ont contribué à accompagner la France dans la sortie de crise, et à préparer l’avenir dans les domaines de la transition écologique (avec la rénovation thermique des logements et des bâtiments publics tels que les écoles, les collèges ou les lycées, la décarbonation de sites industriels, etc.), ainsi que la transition numérique (avec la numérisation des PME, ou la formation des conseillers numériques). Le Plan de relance européen a également soutenu massivement la formation et l’emploi des jeunes et d’autres mesures de solidarité, telle que la modernisation des hôpitaux.

Entre 2021 et 2024, l’Europe n’a « coûté » que 15 euros par an et par personne !

Entre 2021 et 2024, la France a contribué à hauteur de 26,2 milliards d’euros en moyenne par an, soit environ 0,9 % de son PIB. Sur cette même période, la France a perçu 16,4 milliards d’euros (en moyenne par an) au titre du CFP (hors plan de relance), essentiellement à travers la politique agricole commune et la politique de cohésion. 

En intégrant les fonds alloués au titre du plan de relance, la France a perçu, entre 2021 et 2024, 25,1 milliards d’euros (en moyenne par an).

Pour les Français, entre 2021 et 2024, la « contribution nette » au budget de l’Union européenne (hors remboursement du Plan de Relance) serait donc d’environ 15 euros par personne et par an ! 

Mais cette « contribution nette » ne reflète pas les bénéfices que la France tire de son appartenance à l’Union européenne. Les avantages nous concernent tous :  investissements dans les biens communs de l’UE, appels téléphoniques abordables depuis l’étranger ou réponse coordonnée de l’UE aux crises. Les dépenses qui, en apparence, bénéficient à nos voisins peuvent aussi profiter à nos citoyens et entreprises, compte tenu des forts effets d’entraînement des dépenses de l’UE. Par exemple, les fonds européens investis dans les universités de nos pays voisins permettent aux étudiants français de profiter du programme Erasmus+ et d’étudier à l’étranger dans les meilleures conditions. De même, les financements destinés au développement des lignes ferroviaires transfrontalières facilitent les déplacements des Français partout en Europe. Enfin, les investissements européens dans la recherche et l’innovation bénéficient à l’ensemble des citoyens de l’Union, y compris les Français, en renforçant notre savoir collectif, notre compétitivité et notre qualité de vie.

Le marché unique, facteur de compétitivité et de prospérité 

Le marché unique européen, fort de ses 450 millions de consommateurs, offre à la France une meilleure intégration économique, une influence politique renforcée sur la scène internationale et des opportunités économiques accrues. Ainsi, la libre circulation des biens et des services, grâce à la suppression des droits de douane, facilite les échanges des entreprises françaises avec les autres États. À cet égard, 86% des PME françaises considèrent l’accès au marché unique comme essentiel pour leur activité. Selon les études et les méthodes d’estimation retenues, l’appartenance de la France au marché unique représente de 3 à 7% de richesse nationale supplémentaire, soit plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année. Mais cette approche comptable ne rend pas compte de l’ensemble des bénéfices du marché unique pour les entreprises et les citoyens. 

Cette appartenance renforce également l’attractivité du territoire pour les investisseurs étrangers, qui choisissent la France comme porte d’entrée vers un vaste marché qui fait de l’UE l’un des blocs commerciaux les plus puissants au monde.

Par ailleurs, le marché unique ne se limite pas à l’économie : il offre aussi un cadre de règles communes exigeantes, en particulier dans le domaine sanitaire et alimentaire, où l’Union européenne applique les normes les plus protectrices au monde. Celles-ci protègent efficacement les citoyens et garantissent une concurrence loyale entre États membres. Enfin, la taille du marché européen confère à l’Union une capacité unique pour adopter des réglementations novatrices et protectrices, telles que le RGPD pour les données personnelles ou le DSA (Digital Services Act) pour les services numériques, précurseurs dans la protection des utilisateurs des technologies du numérique et de la communication. 

Sans l’Europe, Galileo et Erasmus n’existeraient pas !

En contribuant au budget européen, la France peut également participer à des projets de grande envergure qui ne pourraient tout simplement pas exister à une échelle nationale.

Galileo (le GPS européen), Copernicus (le programme européen de surveillance de la Terre) ou encore le programme de recherche sur la fusion nucléaire ITER nécessitent des investissements considérables sur le long-terme. En outre, ITER, situé à Cadarache (Bouches-du-Rhône), a créé des milliers d’emplois directs et indirects, et généré 3,5 milliards d’euros de contrats attribués à des entreprises françaises. 

2 millions de personnes ont bénéficié du programme Erasmus+ au départ de la France entre 1987 et 2024. C’est d’ailleurs la France qui envoie le plus d’étudiants en programme Erasmus+, 170 000 en 2024 devant l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.

Le budget européen contribue également à renforcer la sécurité intérieure et à lutter contre le terrorisme. Le fonds pour la sécurité intérieure vise par exemple à renforcer la coopération policière entre États membres.

Le budget finance aussi l’agence de garde-frontières de l’Union européenne (Frontex), dont les effectifs devraient passer de 1 500 à 10 000 en 2027.

La paix et la stabilité au-delà des chiffres 

L’Union européenne est avant tout un projet de paix. L’histoire de l’Europe a été marquée pendant des siècles par des guerres dont on peut mesurer les pertes humaines et matérielles. La paix, au contraire, ne se chiffre pas, mais se traduit par la stabilité, la prospérité et la coopération. À ce titre, les États membres européens font front commun pour éloigner les tentatives de déstabilisation sur le continent, notamment en sanctionnant la Russie depuis son invasion en Ukraine. Aujourd’hui, le renforcement des capacités de défense vise avant tout à préserver l’équilibre et la sécurité établis depuis près de 70 ans entre les États européens. 

Pour en savoir plus : qui fait quoi ?

Le budget de l’UE repose sur une planification sur sept ans appelée « cadre financier pluriannuel ». Celui-ci est proposé par la Commission, et adopté à l’unanimité par le Conseil des ministres, après approbation par le Parlement européen statuant à la majorité de ses membres.

Ce cadre fixe la composition, les modalités de financement ainsi que le plafond des montants de dépenses pour une période de sept ans. Dans le cadre du CFP, le budget annuel de l’Union européenne est adopté conjointement par le Conseil et le Parlement européen. 

Le budget à long terme de l’UE 

Le budget de l’UE en France

Tribune du Vice-président exécutif de la Commission européenne Stéphane Séjourné : « l’UE n’est pas une tirelire, c’est investissement »