Le gouvernement travailliste britannique a présenté lundi au Parlement une réforme pour durcir sa politique d’asile et d’immigration, espérant décourager les arrivées de migrants sur de petits bateaux qu’il peine à endiguer et qui alimentent la montée du vote identitaire dans le pays. Ce qu’illustre le fait que le parti nationaliste Reforme de Nigel Farage caracole loin devant lui dans les sondages, à peine un an et demi après la large victoire du Labour aux législatives, aidé aussi, il est vrai, par l’effondrement spectaculaire du parti Tories, qui semble menacé d’extinction après avoir dominé largement durant deux siècles la vie du royaume.

La ministre de l’immigration d’origine pakistanaise qui a présenté le plan, s’est défendu de toute xénophobie ou calcul politicien mais a fait valoir que la question de l’immigration illégale et du dévoiement du droit d’asile de la part de gens fuyant des pays où ils ne sont pas en danger et où d’ailleurs ils laissent souvent femme, enfants et parents âgés, était en train de « diviser profondément le pays ».

Cette réforme, inspirée au demeurant par la politique suivie au Danemark, pourtant élaborée par un parti social-démocrate, où d’ailleurs, pas un hasard, l’extrême droite pèse peu dans les urnes, prévoit que le statut de réfugié devienne temporaire, ce qui paraît tout à fait logique ; les bénéficiaires du droit d’asile devront « rentrer dans leur pays d’origine dès qu’il sera jugé sûr » et leur situation sera réexaminée tous les 30 mois et non plus, comme aujourd’hui, tous les cinq ans. Ils devront aussi attendre 20 ans, contre cinq actuellement, pour demander un titre de résidence permanente. Les possibilités d’appel en cas de refus d’asile seront réduites. En parallèle, le gouvernement a promis d’ouvrir de nouvelles voies d’immigration légale, sans plus de détail à ce stade.

Le gouvernement prévoit aussi de supprimer le soutien financier automatique de l’Etat aux demandeurs d’asile. Actuellement, le gouvernement leur verse une allocation hebdomadaire et leur fournit un hébergement, mais le recours – coûteux – à des hôtels pour loger les demandeurs d’asile est très critiqué. Les aides sociales seront également supprimées « pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins » mais ne le font pas, ou encore pour les personnes condamnées pour des crimes, ou délit, ce qui, là encore, semble la moindre des choses.

Le gouvernement n’a pas démenti lundi une information du tabloïd The Sun, selon laquelle il envisage de puiser dans les ressources (argents, biens) des personnes demandant l’asile pour financer leur hébergement. Enfin, le gouvernement veut modifier l’application au Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme pour faciliter les expulsions. Il s’agit de réduire le champ de son article 8 sur le droit au respect de la vie privée et familiale. Seules les personnes ayant des membres de leur famille proche déjà au Royaume-Uni (enfants, parents) pourront rester dans le pays.