Après plusieurs mois de tests, la carte Vitale sur smartphone se déploie désormais sur tout le territoire français. Si elle promet plus de praticité, elle soulève aussi des questions sur la fracture numérique et l’adoption par les professionnels de santé.

À partir de ce mardi, 28 millions d’assurés peuvent activer une version dématérialisée de leur carte Vitale, et ce sans passer par France Identité, annonce l’Assurance maladie dans les colones du Parisien.

Jusqu’ici, la fonctionnalité n’était disponible que dans certains départements ou pour les détenteurs de l’application d’identité numérique. Désormais généralisée à l’ensemble du territoire, l’application Carte Vitale permet à tous les assurés de stocker leur carte directement sur leur smartphone.

Déployée progressivement depuis 2023, l’application (disponible sur iOS et Android) s’inscrit dans la continuité de la dématérialisation de documents officiels comme la carte d’identité ou le permis de conduire.

À ce jour, 1,8 million d’usagers ont déjà activé leur « e-carte Vitale ». L’idée: faciliter les démarches chez les professionnels de santé, éviter les oublis de carte physique et offrir un outil sécurisé pour accéder aux soins, que ce soit en pharmacie ou en consultation médicale. L’Assurance maladie y voit également un moyen de renforcer la lutte contre la fraude.

Une transition complexe

Toutefois, la transition est loin d’être fluide. De nombreux utilisateurs dénoncent des bugs, notamment lors de la reconnaissance faciale, une étape obligatoire pour ceux qui n’utilisent pas France Identité. Les commentaires critiques se multiplient sur les plateformes de téléchargement, pointant des difficultés d’installation ou des déconnexions fréquentes.

Les professionnels de santé ne sont pas tous équipés (Photo d'illustration)Les professionnels de santé ne sont pas tous équipés (Photo d’illustration) © RMC

À cela s’ajoute un autre frein majeur: les professionnels de santé ne sont pas tous équipés. Si deux tiers des pharmacies et un quart des médecins ont déjà accepté au moins une fois la carte Vitale dématérialisée, l’Île-de-France reste à la traîne, avec seulement une pharmacie sur deux et un médecin sur huit qui peuvent utiliser ce nouveau format.

Reste enfin la question des personnes âgées, grandes consommatrices de soins mais souvent éloignées des usages numériques. Pour beaucoup d’entre elles, l’idée même d’utiliser une application pour remplacer la carte Vitale reste abstraite. Peu équipées, parfois réticentes, elles continueront longtemps à privilégier la carte physique, ce qui limite de fait la portée immédiate de la dématérialisation.

Pour rappel, selon l’Observatoire des inégalités et l’INSEE, 15 % de la population ne possèdent pas les compétences numériques de base ou ne se servent jamais d’internet. Les personnes âgées sont les plus concernées, mais la fracture numérique reste aussi fortement sociale.