Par
Rédaction Caen
Publié le
17 nov. 2025 à 6h46
Sur le chemin des Coteaux, à hauteur de la ferme Pomikal à Fleury-sur-Orne, près de Caen (Calvados), un mur attirait les tags. Henri Pomikal y a alors écrit : « si vous voulez taguer, appelez-moi ! » Message reçu cet été par Kévin Sevestre, alias Lord, artiste peintre de 37 ans.
Une peinture murale sur 40 mètres à Fleury-sur-Orne
En juin 2025, il a réalisé une peinture murale couvrant les 40 mètres de mur de la ferme donnant sur la rue. Henri Pomikal souhaitait y voir « les sites emblématiques de la ville » : le bourg et son église, le château d’eau, l’île enchantée, l’Orne, le pont métallique qui franchit le fleuve et la culture du miscanthus, une des spécialités de la famille Pomikal, avec le chanvre, le lin et les céréales. Il a fourni des photos à l’artiste.
J’ai aussi voulu faire travailler un jeune qui démarre. Ça m’a coûté à peine plus qu’un ravalement, c’est plus sympa et ça devrait tenir plus longtemps.
Henri Pomikal
Trois semaines de travail
La tâche n’était pas simple. Il a fallu d’abord s’adapter aux différentes surfaces en béton et en tôle ondulée et aux trois hauteurs de mur : 1,50 m, 3m et 3,50 m. Puis, « aplatir le coin », le faire disparaître dans le dessin grâce à l’anamorphose. Une technique dont Kevin Sevestre a encore usé pour incorporer le poteau, le boitier EDF, les descentes de gouttières. Après une sous-couche durable au rouleau, Lord s’est servi de bombes aux multiples teintes.
C’était le gros du travail : faire ressortir les éléments, donner du relief en insistant sur les contrastes, mon identité artistique, et rester cohérent avec l’existant. Beaucoup de passants m’ont fait des suggestions. J’ai apprécié.
Kévin Sevestre, alias Lord

Une oie de l’île enchantée garde un œil sur les passants. ©NK / liberté
Ce tableau, qui a demandé trois semaines de travail, reproduit le point de vue depuis la digue entre l’île enchantée et le pont. « Il appartient maintenant aux Fleurysiens. »
Des décors muraux pour professionnels et particuliers
Remis de ses grosses suées sous le soleil de juin, l’artiste a rapidement eu des retours positifs grâce au numéro de téléphone qu’il a laissé sur le mur. Un contact pour d’autres œuvres, car il peut peindre plus petit, pour les professionnels ou les particuliers : un tableau sur toile, un paysage réaliste sur un rideau métallique de magasin, des super-héros sur le mur d’une chambre d’enfants, « de plus en plus demandés », dans un style street-art.
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Une première vie d’éducateur
À son compte depuis le mois de janvier 2025, Kevin Sevestre peut aussi intervenir auprès de jeunes difficiles ou en situation de handicap. C’est d’ailleurs son premier métier.

Des randonneurs ont sollicité Henri Pomikal, à droite avec Lord, pour une visite de sa ferme et de la décoration murale. ©NK / liberté
Ce natif de Caen, dont la mère travaillait au Foyer Soleil, à Fleury-sur-Orne, a côtoyé le handicap dès l’enfance. « Je fêtais des Noëls là-bas ! » Moniteur-éducateur à 22 ans après trois ans d’animation en colonie avec les Éclaireurs de France, Kévin a développé la pratique de la peinture auprès de plusieurs jeunes publics, handicapés ou pas : apprentis, sourds et muets, agressifs, trisomiques…
A mes débuts en peinture à 20 ans, je n’étais pas doué, mais je n’ai pas pris de cours. Je me suis intéressé à des peintres, j’ai cherché à comprendre les techniques, comment amener le regard, avec un penchant pour les paysages.
Son premier poste, quatre ans à la Maison Départementale de l’Enfance et de la Famille, a été « le plus marquant » : une structure expérimentale avec un éducateur par spécialité (musique, football, peinture…), seulement cinq enfants, du temps et des moyens. « Un système courant dans les pays nordiques, en avance dans le domaine. »
Parallèlement, Kévin continuait à améliorer sa compréhension de l’image et sa reproduction en peinture. Jusqu’à se sentir prêt à y consacrer tout son temps et tout son talent d’autodidacte libre, fort de quinze années d’expérience.
Lord artiste peintre, 06 62 37 57 86, [email protected], @lordecofficiel.
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