Vous êtes l’un des meilleurs coureurs de l’équipe Arkéa-B & B Hôtels… et vous n’avez toujours pas de contrat professionnel pour 2026. Comment est-ce possible ?

Je ne sais pas. Je dois avoir des défauts, des lacunes, quelque part. Je ne comprends pas trop. J’ai 700 points UCI, je suis un coureur régulier, exemplaire, assidu de janvier à novembre. Sans me vanter, j’ai toujours été très professionnel, j’ai toujours répondu aux attentes. Malheureusement, cela ne suffit pas toujours. Tous les jours, j’entends dire que ce n’est pas normal qu’un coureur comme moi ne retrouve d’équipe et pourtant… Pourtant, je n’ai rien.

Vous n‘avez toujours rien ?

Non, je ne suis pas plus avancé que ces dernières semaines. Je n‘ai rien, je n’ai pas d’équipe. Mon avenir reste plus qu’incertain. Je n’ai pourtant pas envie d’être à la retraite en 2026. Mon agent continue de faire le maximum mais les effectifs sont bientôt clos. Il ne reste plus beaucoup de places. Voilà où en est la situation… Si je n’ai rien signé dans les deux mois à venir, cela va être dur à digérer.

Plusieurs rumeurs ont pourtant circulé à votre sujet…

J‘ai été en contact avec plusieurs équipes. Malheureusement, il n’y en a pas une qui m’a proposé un contrat. A ce jour, je n’ai aucun contrat sous les yeux. J’y ai crû. Ça a souvent été l’ascenseur émotionnel. À chaque fois que le téléphone sonne dans la poche…

Que vous répond-t-on au sein des équipes où vous avez postulé ?

J‘ai entendu de tout, vous savez… Qu’il y avait déjà des profils de mon genre, que l’on voulait rajeunir l’effectif, que l’on avait pas le budget pour me faire signer…. Je ne demande pourtant pas la lune.

Dans ce contexte, avez-vous encore de l‘espoir de figurer dans le peloton professionnel en 2026 ?

J‘ai surtout beaucoup de motivation. Je veux rester chez les pros la saison prochaine. Je n’ai pas envie que tout s’arrête comme ça. Avec mon agent (Joona Laukka), on discute encore avec certaines équipes mais… Je ne me vois pas non plus continuer dans n’importe quelles conditions.

Forcément, on vous sent inquiet…

Je ne sais pas si c’est le terme approprié. Je suis surtout déçu, déçu si cela devait s’arrêter comme ça. Encore une fois, ce serait dommage. Je n’ai pas envie de laisser le train passer. J’ai toujours été très pro, j’espère que ma deuxième vie sera plus prolifique.

Vous vous laissez jusqu’à quand pour retrouver un contrat chez les professionnels ?

Cette saison est tellement spéciale… A cette date-là, normalement, c’est impensable de penser que l’on va être encore professionnel si l’on n’a pas de contrat. Mais cette année, entre l’arrêt d’Arkéa-B & B Hotels, la fusion (Lotto-Intermarché)… C’est une année à part, tellement à part…

Moralement, comment vivez-vous cette période d’incertitude ?

Pfff… Tant bien que mal. Heureusement que j‘ai un petit Loulou de neuf mois. Je traverse des moments difficiles. Heureusement que je suis bien entouré. Je ne pensais jamais vivre ça pendant ma carrière. Le plus tard que j’ai resigné un contrat, c’était en mai-juin. Là, on est mi-novembre…

Et le cyclo-cross dans tout ça ?

Franchement, je n‘ai pas du tout la tête au cyclo-cross. Je n’ai pas le cœur à ça. Ce n’est pas du tout le sujet. L’équipe Arkéa-B & B Hotel, faute de budget, avait annoncé qu’elle n’accompagnerait pas ses cyclo-crossmen fin 2025, ce que je comprends. En fait, j’attends d’être fixé sur mon avenir avant de savoir si je vais refaire du cyclo-cross ou pas.

Si vous ne retrouvez pas d‘équipe professionnelle, vous ne serez pas au départ des prochains championnats de France de cyclo-cross pour viser un huitième titre à Troyes ?

Je ne pense pas. Il y a très peu de chance. Je ne peux pas me projeter. C‘est tellement flou actuellement… Sans être professionnel, je ne sais pas si je vais être apte à faire du cyclo-cross. Même si je reste un énorme passionné par la discipline, j’en ai quand même gros sur la patate.

Avez-vous repris l’entraînement ?

J‘ai repris le sport pour m’aérer l’esprit, pour prendre soin de moi, physiquement et moralement. Je fais du sport tous les jours, je roule même fort… Mais ce n’est pas évident.