étude registre cancer

La sur-incidence du cancer du poumon serait de 27% chez les hommes vivant à l’ouest de La Rochelle.

Crédit : Registre des cancers du Poitou-Charente

Il ne s’agit pas de quelques cas supplémentaires. « On ne s’attendait pas à ça, c’est une surprise », reconnaît Jean-Marie Piot. Il est le président de la Ligue contre le Cancer de la Charente-Maritime, qui a co-financé cette étude avec la communauté d’agglomération rochelaise.

 

« Une surprise »

Au fil des pages, on apprend que six quartiers de l’ouest de La Rochelle sont concernés par une sur-incidence de cancers du poumon et des voies aériennes digestives supérieures (bouche, langue, œsophage…).

 

« On parle de 27% à 30% de cas en plus, par rapport à la moyenne du département. C’est quand même considérable, on ne s’attendait pas du tout à ce chiffre-là », Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le Cancer de Charente-Maritime.

 

Un risque accru qui touche d’abord les hommes, dans six quartiers différents : Laleu, Rossignolette, La Pallice, Mireuil et Port-Neuf. Tous au nord-ouest de la ville.

Cette enquête a été réalisée par le registre des cancers du Poitou-Charentes, entre 2008 et 2019. Elle a été rendue publique en 2023 et disponible en libre accès sur internet.

 

Quelles causes ?

Face à ces chiffres, une seule question se pose : pourquoi ? Place aux explications. Qui dit cancer du poumon, dit d’abord tabac, premier facteur à risque. 

Sur Facebook, Franck Rinchet-Girollet, porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement appelle cependant à « ne pas expliquer une sur-incidence uniquement par des facteurs sociologiques« , comme la cigarette.

Dans sa publication, l’attaché parlementaire demande « un état des lieux des pollutions sur ce territoire », citant les multiples sources auxquelles sont exposés certains quartiers de l’agglomération : « usines SEVESO, HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques), poussières de céréales, pollution des cargos et des bateaux de croisière, pesticides… »

 

Pas d’explication avant au moins un an

« Il ne faut rien écarter, confirme Jean-Marie Piot. Est-ce qu’il y a des gens soumis à des environnements professionnels et qui ont respiré des substances toxiques ? Des choses dégagées par le grand port de commerce, à proximité de ces quartiers ? Et puis il y aussi des mélanges de substances, comme dans les champs avec les pesticides. Ce sont des cocktails de molécules qui peuvent être très dangereux. »

La Ligue contre le Cancer et la CDA de La Rochelle ont une nouvelle co-financé une thèse de médecine qui sera réalisé à l’université de Poitiers. Les premiers résultats ne sont pas attendus avant au moins un an.

 

« C’est un travail de longue haleine, on n’aura pas les réponses en quelques travaux. Il va falloir aller fouiller dans les dossiers d’anciens patients, c’est très compliqué mais au moins, on montre qu’on est transparent et on dit ce qu’il se passe ! »

 

Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le Cancer de Charente-Maritime demande désormais aux autorités publiques à prendre les choses en main, à commencer par la prévention.