« J’ai posé de la cire sur mon visage, et ça m’a fait penser au visage de la Lune », déclare Inès Kubler, artiste exposante, en racontant la genèse de son œuvre intitulée Ne m’oubliez pas , en référence au premier rouge à lèvres de Guerlin. « Une manière de laisser une trace », espère-t-elle.
Son œuvre est composée de 29 pièces. Vingt-neuf, comme le nombre de phases du cycle lunaire, dont l’artiste s’est fortement inspirée dans son processus de création.
Une œuvre expérimentale
Créée entre 2020 et 2021, Ne m’oubliez pas vient du désir de l’artiste de s’essayer à de nouvelles techniques et de sortir de sa zone de confort. N’utilisant que des objets du quotidien dans ses projets, elle aime travestir le réel et offrir un autre destin à des tasses, des porte-monnaie ou encore des gants de toilette.
En s’attaquant à la cire, Inès Kubler recherche un aspect épidermique, traduisant les aspérités de la peau, son élasticité, sa finesse. Intéressée initialement par les masques, elle a finalement orienté son travail vers le visage : « Le masque cache, alors que le visage, lui, montre la réalité. Le visage est ce que nous voyons en premier chez quelqu’un », estime l’artiste, qui a utilisé les traits de son propre visage pour créer son ensemble de 29 pièces de cire et de plâtre. De différentes couleurs, formes, épaisseurs et aspects, chacun de ces visages porte en lui une singularité et des traits de l’artiste elle-même, qui voit en cette installation « l’un des travaux les plus incarnés [qu’elle a] réalisés ».
Ambiance argentée
Installée dans le Petit cabinet du pont de Pierre, l’œuvre est visible à toute heure du jour et de la nuit et nous apparaît différemment selon la lumière qu’elle reçoit. Entourées de miroirs gondolés dont les reflets rappellent ceux de l’Ill lorsque le soleil est à son zénith, les 29 pièces s’offrent aux passants du quai Finkmatt dans une ambiance argentée, presque encapsulée.
À la tombée du jour, et après l’extinction de l’éclairage, l’œuvre prend des airs mystiques, estime Inès Kubler, en observant les ombres et reliefs que les réverbères prêtent à son installation le temps de la nuit.
Tout semble alors de passage dans cette exposition : son public, l’eau au-dessus de laquelle elle trône, les lumières dans lesquelles elle baigne. Seule sa position semble se maintenir, à l’instar de la Lune.