La coopération numérique entre la France et l’Allemagne se renforce encore. Elle s’est illustrée, ce mardi 18 novembre, par la tenue d’un sommet européen, à Berlin, sur la souveraineté numérique, coprésidé par les deux pays. David Amiel, ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’État, y a notamment rencontré son homologue allemand, Karsten Wildberger, ministre de la Transition digitale et de la Modernisation publique.
Un déploiement prévu dès 2026
Mais la rencontre a surtout été l’occasion, pour les deux États, de dévoiler un nouveau partenariat visant à renforcer l’usage de l’intelligence artificielle dans le secteur public : les deux ministres ont en effet signé ce jour une lettre d’intention pour formaliser un contrat entre le français Mistral AI, spécialisé dans l’intelligence artificielle, et l’entreprise allemande SAP, spécialisée dans les logiciels de gestion. les modèles d’IA de Mistral pourront ainsi s’intégrer dans les logiciels de SAP pour simplifier certaines tâches administratives. D’ici la mi‑2026, la France, l’Allemagne ainsi que Mistral et SAP vont formaliser leur engagement par la signature d’un accord‑cadre. “Ce document fondateur définira la structure de gouvernance, le périmètre de la coopération et l’encadrement budgétaire. Des cas d’usages spécifiques et identifiés seront déployés dans les administrations entre 2026 et 2030”, précise le ministère.
SAP fournit d’ores et déjà bon nombre de logiciels à l’administration française : l’entreprise est notamment à l’origine du logiciel de pilotage des dépenses Chorus, utilisé par les ministères et les collectivités. Elle alimente également plusieurs opérateurs français, tels que France Travail, la Caisse nationale d’assurance maladie ou l’AP‑HP. L’idée derrière le partenariat de ces deux géants nationaux vise à faire infuser, évidemment, l’intelligence artificielle de manière concrète dans l’administration, et ce, de manière souveraine.
Quatre piliers stratégiques définissent le partenariat tel que définis par le communiqué de presse publié ce mardi par Bercy : des logiciels souverains et intelligents, spécifiquement développés pour les besoins des administrations allemande et français ; une gestion financière augmentée par l’IA, avec l’automatisation des activités financières (facturation, audits) ; une aide à la décision pour les agents publics ; et un renforcement des systèmes, permettant la transparence, le suivi et la traçabilité des outils d’IA. Côté français, ce partenariat constitue une deuxième étape de la collaboration de l’État avec Mistral, après un contrat visant à booster l’Assistant IA désormais proposé en test, depuis la mi‑octobre, à 10 000 agents de la fonction publique d’État.
Renforcer la coopération
Au‑delà de cette annonce, le sommet France‑Allemagne était marqué par une volonté marquée d’aller vers plus de souveraineté numérique, notamment au travers de la commande publique. La ministre française du Numérique et de l’Intelligence artificielle, Anne Le Hénanff, était par ailleurs également présente à Berlin, avec l’objectif “d’avancer vers une définition commune de la souveraineté numérique” et “de défendre le principe de préférence européenne, notamment dans la commande publique”, a‑t‑elle déclaré.
De son côté, David Amiel a participé à une table ronde sur le sujet de l’Edic Digital Commons, un consortium créé par la France, l’Allemagne, les Pays‑Bas et l’Italie visant à formaliser un cadre européen permettant aux États membres de concevoir et gérer des infrastructures numériques communes et libres sous une gouvernance partagée. Une nouvelle pierre à l’édifice des communs numériques libres souhaités par plusieurs acteurs européens.
La relation entre la France et l’Allemagne sur ce sujet ne date pas d’hier : les deux DSI nationales, à savoir la direction interministérielle du numérique (Dinum) pour la France, et le ministère de la Numérisation et de la Modernisation de l’État (BMDS) pour l’Allemagne, travaillent déjà ensemble depuis quelques années. Leur collaboration s’est notamment illustrée par la création d’une suite collaborative basée sur des communs numériques – cette même suite qui a donné naissance, par exemple, à la messagerie d’État sécurisée Tchap, ou à l’outil de partage de documents Docs.