Cette nouvelle agite la Grande-Bretagne ce mardi. Selon les révélations du média britannique PoliticsHome le ministère de l’Intérieur britannique aurait mené une opération secrète visant à lutter contre la radicalisation dans les quartiers musulmans grâce au pouvoir de la musique… des boys bands !

Cette histoire prend ses racines en 2016, le groupe pop Mr Meanor, pas un pilier de la pop britannique, entreprend une tournée dans les écoles du nord de l’Angleterre afin de diffuser un message contre la violence mais principalement dans des quartiers défavorisés où une minorité musulmane vit.

Cette initiative était officiellement soutenue par l’organisation caritative The Tim Parry Jonathan Ball Foundation for Peace, créée en mémoire de deux jeunes victimes d’un attentat à la bombe perpétré par l’IRA en 1993.

Mais selon le d’information PoliticsHome, il s’avère, en réalité, que l’ensemble de la campagne a été organisé par des personnalités au sein du gouvernement de l’époque. Dans son enquête se réfère notamment à des publications LinkedIn d’anciens sous-traitants et l’implication de la société de communication Breakthrough Media, qui a travaillé avec l’unité de recherche, d’information et de communication (RICU) du ministère de l’Intérieur.

« Unité de propagande obscure »

Une enquête menée en 2016 par le Guardian avait par ailleurs révélé que Breakthrough avait créé des dizaines de sites web, de vidéos et de pages sur les réseaux sociaux pour contrer la propagande de Daech lorsque le groupe terroriste était à son apogée au Levant mais aussi dans les banlieues britanniques.

Cette fameuse RICU, dont l’objet était principalement ce programme de lutte contre la radicalisation « Prevent », a vraiment opéré comme une « unité de propagande obscure » pour le média britannique.

La page Instagram de M. Meanor n’a pas été active depuis près de neuf ans, à l’exception d’une publication « blackout » en 2020 à la suite des manifestations contre George Floyd.

Des photos datant de l’automne 2016 montrent le trio, composé de Marcel Wildy, Jordan Hyams et Jake Kirby, posant avec des groupes d’écoliers à Bradford, Burnley, Manchester et Huddersfield, entre autres.

Un texte écrit après les attentats de Paris de novembre 2015

La campagne servait aussi à promouvoir leur nouveau single intitulé « Think About It », qui véhiculait un message anti-radicalisation très fort. « Car le 11 septembre a changé notre façon de voir les choses. Les gens veulent semer la terreur. Et le 7 juillet (2005) a laissé derrière lui bien plus de vies brisées. Sous nos yeux », chantait le boys band british, à propos des attentats de 20O5 en Grande-Bretagne. Le groupe avait déclaré avoir écrit cette chanson au lendemain des attentats terroristes de Paris en 2015, au cours desquels 130 personnes ont été tuées par des terroristes de l’État islamique.

« Nous espérons que cette chanson incitera les gens à s’opposer à ceux qui prônent la violence et la haine dans la société actuelle », ajoutait le groupe à sa vidéo sur YouTube.

Toutes les recettes du single ont été reversées à la Fondation pour la paix, bien que l’Official Charts Company ne mentionne aucune trace de cette sortie… dans le top 100 britannique !

Une ministre de l’Intérieur qui démissionnera pour un autre scandale

Malgré les demandes des médias britanniques, les membres du groupe n’ont pas répondu aux sollicitations. Rien n’indique toutefois que les membres de Mr Meanor aient eu connaissance d’un financement occulte pour leur tournée. Amber Rudd était la ministre de l’Intérieur au moment de la tournée de Mr Meanor, elle avait démissionné en 2018.

Elle démissionne le 29 avril 2018 à la suite du scandale dit de la « génération Windrush », relatif à la mauvaise gestion par le gouvernement des dossiers de 550 000 travailleurs venus des Antilles britanniques entre 1948 et 1973, à la demande du Royaume-Uni, pour participer au développement du pays après-guerre.

« Cette campagne a été menée sous un gouvernement précédent et a désormais pris fin » a sobrement commenté un porte-parole du ministère de l’Intérieur.